Face à l’incertitude économique qui plombait le marché canadien des obligations au premier trimestre de 2024, les institutions financières ont joué de prudence.
Ce rapport présente les tendances et les défis du premier trimestre de même que les mesures à prendre pour stimuler les activités sur le marché. Il fournit également aux chefs d’entreprise des conseils stratégiques pour prendre des décisions éclairées en matière de croissance et d’adaptation pour l’avenir.
Faits saillants
Le marché canadien des obligations a encore enregistré une croissance généralement faible au premier trimestre de 2024. Depuis le début de l’année, le montant des prêts consentis s’est élevé à 1,5 billion de dollars, principalement du fait de la demande en matière de fonds additionnels, ce qui représente une augmentation de 6 % par rapport à 2023.
La majeure partie des prêts accordés au Canada l’ont été dans les secteurs de l’immobilier et des services financiers, suivis de ceux du commerce de détail et de gros ainsi que des services professionnels. Au total, près de 60 % des prêts ont été octroyés à des entreprises de ces quatre secteurs.
Disponibilité du capital : les difficultés se poursuivent
Au premier trimestre de 2024, il était toujours difficile d’obtenir un prêt au Canada. Cette situation était principalement attribuable à l’incertitude économique et au ralentissement du marché des créances prioritaires provoqué par la hausse des taux d’intérêt.
Le ratio prêt-valeur a culminé à 70 %, alors qu’il avait atteint 100 % dans la plupart des structures de prêt au plus fort du boom économique de 2021. Les ratios de levier financier liés aux créances prioritaires sont par ailleurs demeurés bas, tout comme les ratios du service de la dette des créances prioritaires, dont la plupart ont touché un creux de 1,15x à 1,20x en 2024. En comparaison, ces derniers étaient descendus à 1,10x en 2021, alors que les structures de dette présentaient encore plus de risques.
Le seul secteur canadien dont les activités liées aux créances prioritaires ont augmenté est celui des immeubles multifamiliaux, les besoins en matière de logement abordable ayant stimulé la demande et les revenus. Ces prêts ont été supérieurs à ceux accordés par le passé. Les propriétés industrielles occupées par leurs propriétaires ont également continué à être financées par des capitaux d’emprunt à des conditions et à des taux concurrentiels.
Malgré l’incertitude planant sur le marché, les grandes institutions financières ont quand même continué à soutenir les entreprises en leur accordant des prêts, quoiqu’avec précaution. En outre, les banques canadiennes travaillent avec les emprunteurs afin de prolonger les périodes d’amortissement et d’ainsi atténuer le choc de l’augmentation des paiements lors du renouvellement. Elles cherchent également à modifier les exigences de production de rapports et les clauses restrictives dans le but d’aider les entreprises à composer avec le contexte inflationniste difficile.
Loin de se laisser abattre par les défis liés aux capitaux et à l’inflation, les entreprises canadiennes étaient plutôt optimistes. Quelle que soit leur taille, elles ont poursuivi leur croissance. Leurs revenus ont augmenté grâce à l’allégement des contraintes de capacité, à la disponibilité de la main-d’œuvre, aux efforts investis dans leurs activités de vente et de marketing ainsi qu'au maintien de prix concurrentiels malgré la hausse des coûts.
L’augmentation des coûts des intrants et des capitaux empruntés a toutefois limité les marges bénéficiaires. De nombreuses entreprises ont accru leur présence sur les marchés américain, asiatique et européen afin de profiter du boom économique dans ces régions du monde. Néanmoins, la plupart d’entre elles ont diminué leurs investissements en raison des coûts d’emprunt plus élevés.
Les banques canadiennes répondent aux attentes modérées
Au premier trimestre, les grandes banques canadiennes ont satisfait aux attentes limitées et les prêts bancaires sont restés stables au pays d’un trimestre à l’autre. Le revenu net de toutes les banques a fluctué sous l’effet des attentes à l’égard des dépenses et de l’augmentation constante des provisions pour pertes sur créances. De façon générale, les banques ont géré les risques en adoptant une approche proactive en matière d’octroi de prêts.
Outre l’augmentation des provisions pour pertes sur créances, la tendance était à la « quête de dépôts » par les grandes institutions financières canadiennes. Pendant la pandémie de COVID-19, la faiblesse historique des taux a favorisé l’épargne personnelle et commerciale. Par conséquent, la plupart des banques et des institutions financières, qui misaient auparavant beaucoup sur les liquidités, sont devenues plus passives en matière de dépôts. Ayant épuisé une grande partie de leurs fonds, elles redirigent maintenant leurs efforts vers la collecte de dépôts et l’accumulation de réserves de liquidités.
La Banque du Canada souhaite juguler l’inflation avant d’abaisser le taux directeur
Alors que les investisseurs espèrent vivement une baisse du taux directeur, le gouvernement fédéral et la Banque du Canada (« BdC ») leur demandent de s’armer de patience.
Comme l’inflation est restée figée à 2,9 % en mars, la BdC ne dispose d’aucune latitude. Principale cause de l’inflation au pays, l’accroissement inattendu des coûts du logement risque de retarder la baisse du taux directeur souhaitée par le marché. Si l’on attend que l’inflation immobilière ralentisse pour rajuster le taux directeur et que le marché repart à la hausse ce printemps et cet été, les autres secteurs de l’économie risquent d’en pâtir. Par ailleurs, les attentes à l’égard de l’inflation sont aussi influencées par les coûts du logement.
Productivité aux États-Unis et au Canada
Même si le Canada a réussi à éviter une récession technique, son économie a ralenti plus que celle des États-Unis. Le produit intérieur brut des États-Unis a augmenté de 1,2 % au premier trimestre, alors que celui du Canada a progressé de 0,5 %. Autrement dit, la croissance économique de nos voisins du sud a été nettement plus vigoureuse que la nôtre. Celle-ci a été marquée par une stagnation des dépenses de consommation et un ralentissement du marché du travail. De plus, les industries cycliques font face à de nombreuses difficultés, ce qui freine la création d’emplois depuis août 2023.
Des obstacles tels que la hausse des frais d’intérêts sur les prêts hypothécaires résidentiels, le recul de l’épargne et les pressions inflationnistes en général se sont dressés sur le chemin des consommateurs. Malgré leur optimisme et leur croissance, les entreprises ont aussi été touchées, ce qui a ralenti la productivité globale au Canada.
Les modifications de l’impôt sur les gains en capital proposées dans le budget fédéral de 2024 et leurs répercussions sur les entreprises suscitent de vives discussions sur les marchés des capitaux canadiens. Reste à voir quelle sera l’incidence de ces modifications sur l’économie et la disponibilité du capital au Canada.
Pour stimuler la croissance des marchés, et ainsi assurer la reprise de l’activité manufacturière de base au pays, il faudra investir davantage dans les petites et moyennes entreprises. Pour pouvoir réaliser des économies d’échelle, améliorer leurs outils numériques et innover en vue de stimuler leur croissance, les entreprises devront avoir accès à des incitatifs et à des crédits de même qu’à une main-d’œuvre qualifiée.
Les dépenses gouvernementales en infrastructure et les fonds privés offrent une lueur d’espoir
Comme en fait foi le budget de 2024, le gouvernement continue de financer des projets d’infrastructure dans le but d’améliorer l’accès au logement abordable et les réseaux de transport. Les marchés des capitaux voient d’un bon œil ce type de dépenses, car les gouvernements auront besoin du soutien des institutions financières et des fonds de dette privée du Canada.
Les activités des fonds de dette privée et des fonds non traditionnels ont augmenté au premier trimestre, et les prêteurs non traditionnels américains sont demeurés actifs sur le marché canadien. Les fonds de capital-investissement ainsi que les familles et les personnes fortunées cherchaient également des occasions d’investissement dans le cycle économique actuel.
Comparaison des rendements des obligationsdu GdC à 10 ans et à 5 ans
Source : Banque du Canada, analyse de BDO
Taux cible de la BdC
Source : Banque du Canada, analyse de BDO
Ratios de financement et valeur des créances
Moins de 5 M$ | Plus de 10 M$ | Plus de 20 M$ | |
---|---|---|---|
Janv. 2024 | 1,75x - 2,75x | 3,00x - 4,00x | 3,50x - 4,00x |
Févr. 2024 | 1,75x - 2,75x | 3,00x - 4,00x | 3,50x - 4,00x |
Mars 2024 | 1,75x - 2,75x | 3,00x - 4,00x | 3,50x - 4,00x |
Source : Estimations des Services en fusions-acquisitions et marchés financiers de BDO
Moins de 5 M$ | Plus de 10 M$ | Plus de 20 M$ | |
---|---|---|---|
Janv. 2024 | C+2,5 % - 4,0 % | C+2,5 % - 3,5 % | C+2,5 % - 3,5 % |
Févr. 2024 | C+3,0 % - 4,0 % | C+2,5 % - 3,5 % | C+2,5 % - 3,5 % |
Mars 2024 | C+3,0 % - 4,0 % | C+3,0 % - 4,0 % | C+3,0 % - 4,0 % |
Source : Estimations des Services en fusions-acquisitions et marchés financiers de BDO
Moins de 5 M$ | Plus de 10 M$ | Plus de 20 M$ | |
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Janv. 2024 | 3,00x - 4,00x | 4,00x - 4,75x | 4,25x - 5,00x |
Févr. 2024 | 3,00x - 4,00x | 4,00x - 4,75x | 4,25x - 5,00x |
Mars 2024 | 3,00x - 4,00x | 4,00x - 4,75x | 4,25x - 5,00x |
Source : Estimations des Services en fusions-acquisitions et marchés financiers de BDO
Moins de 5 M$ | Plus de 10 M$ | Plus de 20 M$ | |
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Janv. 2024 | 11 % - 15 % | 10 % - 15 % | 10 % - 13 % |
Févr. 2024 | 11 % - 15 % | 10 % - 15 % | 10 % - 13 % |
Mars 2024 | 11 % - 15 % | 10 % - 15 % | 10 % - 13 % |
Source : Estimations des Services en fusions-acquisitions et marchés financiers de BDO
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