skip to content

Sociétés ouvertes : consolidation de ses assises au moyen de contrôles internes

Michael Crolla :

Une évaluation efficace des risques visera l’entreprise elle-même et l’atténuation de ses risques et ne sera pas fondée sur de simples listes de vérifications ou de cases à cocher.

Narrateur :

Bienvenue à La comptabilité de l’avenir, un balado de BDO Canada à l’intention des dirigeants financiers qui doivent composer avec le changement et qui veulent assurer leur croissance. Nous aborderons des questions que les directeurs financiers n’avaient pas eu à traiter par le passé, mais qu’ils devront inévitablement gérer à l’avenir.

Anne-Marie Henson :

Bonjour et bienvenue à La comptabilité de l’avenir. Je suis votre animatrice, Anne Marie Henson. Dans l’épisode d’aujourd’hui, je suis accompagnée de deux associés de BDO, Michael Crolla, associé au sein des Services en certification et chef des Services en matière de marchés financiers pour les sociétés ouvertes, et John Asher, associé et chef des Services-conseils en risque pour l’ouest du Canada, qui soutient notamment les clients dans le cadre de l’établissement et du maintien de contrôles internes. Je suis heureuse d'avoir l'occasion de discuter avec vous deux aujourd’hui.

Michael Crolla :

Content d’être là.

John Asher :

Merci de nous avoir invités.

Anne-Marie Henson :

Aujourd’hui, nous abordons un sujet très pertinent dont vous avez probablement discuté à plusieurs reprises avec vos clients, soit l’importance d’établir et de maintenir des contrôles internes, en particulier dans le cas des sociétés ouvertes. Vous avez tous deux beaucoup collaboré avec des sociétés ouvertes ou des sociétés qui tentaient de faire un premier appel public à l'épargne. Récemment, nous avons observé une attention accrue portée aux contrôles internes, surtout de la part des organismes de réglementation. J’ai donc hâte de savoir ce que vous en pensez. J’aimerais commencer par vous, John. Parlez-nous un peu du contexte réglementaire canadien actuel des sociétés ouvertes et de la façon dont on s’assure du respect des contrôles internes du point de vue de la gouvernance externe.

John Asher :

Avec plaisir, Anne-Marie. Au Canada, le contexte réglementaire des sociétés ouvertes comporte de multiples facettes, et il est nécessaire de mettre en place plusieurs niveaux de surveillance pour veiller à l’intégrité de l’information financière et des contrôles internes qui l'alimentent. Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières réglementent le marché à l’échelle du pays et les commissions des valeurs mobilières, à l’échelle des provinces. Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont préséance et jouent un rôle essentiel dans l’établissement de ce cadre et de la réglementation des sociétés ouvertes ainsi que des exigences qu’elles doivent respecter. Au Canada, les sociétés ouvertes sont tenues de maintenir un solide système de contrôles internes à l’égard de l’information financière, que les gens appellent parfois « contrôle interne à l’égard de l’information financière ». Ce système est utilisé pour fournir une assurance raisonnable quant à la fiabilité de l’information financière et, ultimement, à la préparation des états financiers à des fins externes, puisqu'ils permettent d'en valider la conformité aux principes comptables généralement reconnus (« PCGR »). La réglementation exige des chefs de la direction et directeurs financiers des sociétés ouvertes, à l’exception des émetteurs émergents, qu'ils attestent la conception et de l’efficacité du fonctionnement des contrôles internes de leur entreprise à l’égard de l’information financière. Ce processus d’attestation des contrôles internes, dont les membres de la haute direction sont directement responsables, constitue encore une fois un élément crucial de la gouvernance.

Anne-Marie Henson :

Il y a donc beaucoup de choses à considérer. D’abord, j’aimerais vous remercier. Un grand nombre de spécialistes participent au balado, et le fait que vous ayez défini le concept de contrôle interne à l’égard de l’information financière est vraiment bien, car les comptables et les auditeurs utilisent parfois des acronymes en présumant que tout le monde les connaît. Donc, merci de l’avoir fait d’emblée. Les dirigeants des sociétés ouvertes semblent devoir tenir compte de plusieurs éléments et respecter de nombreuses exigences afin de maintenir leur environnement de contrôle interne. J’imagine que si les sociétés ne respectent pas ces exigences, elles peuvent notamment être passibles d’amendes ou être radiées de la cote des bourses. Outre ces conséquences, pourriez-vous nous expliquer pourquoi il est si important pour une société d’établir et de maintenir un solide environnement de contrôle interne?

John Asher :

Oui, bien sûr. J’aime bien que vous ayez parlé des sociétés, et non uniquement des sociétés ouvertes, car j’allais justement dire que l’établissement et le maintien de bons contrôles internes sont essentiels pour de nombreuses raisons, quel que soit le type d’entreprise. Premièrement, l’intégrité financière est un élément crucial. La mise en place de contrôles internes solides permet de s’assurer de l’exactitude et de la fiabilité de l’information financière. Peu importe le type d’entreprise, il est très important de préserver la confiance des investisseurs et des parties prenantes de l’entité afin de veiller à ce que les états financiers reflètent la situation financière véritable de l’entreprise. Ensuite, nous avons parlé de conformité réglementaire, donc il s’agit évidemment d’un élément clé. Enfin, la gestion des risques est un autre aspect important. C’est d'ailleurs mon domaine d’expertise : je m’assure que vous avez mis en place des contrôles internes adéquats pour gérer ce qui présente les risques les plus élevés pour votre entreprise.

Pensez notamment à la fraude, aux erreurs humaines et aux anomalies. Même si la mise en œuvre de solides contrôles internes ne peut éliminer entièrement les risques d’anomalies ou de fraude, elle peut les atténuer. Les contrôles internes sont en fait l’épine dorsale de la gouvernance d’une entreprise. Ils contribuent vraiment à mettre en place les processus et les procédures nécessaires pour assurer l’efficacité opérationnelle d’une entreprise et la conformité à la réglementation, dont nous avons parlé plus tôt.

Anne-Marie Henson :

Merci, John. En fait, j’aime bien que vous précisiez que les contrôles internes concernent toutes les entreprises et que la gestion des risques est un aspect important. Nous avons récemment présenté un épisode auquel a participé Alan Mack, associé en juricomptabilité chez BDO. Nous avons beaucoup parlé de fraude et de tous les cas fascinants observés au cours des dernières années ainsi que de l’importance de maintenir de solides contrôles internes pour atténuer les risques de fraude. Nous avons discuté de façon approfondie de l'importance pour les dirigeants de donner le ton, ce qui, selon moi, rejoint ce dont nous venons de parler. L'établissement d'un environnement au sein duquel tous les membres de la direction, du personnel, des conseils d’administration et des comités d’audit comprennent l’importance de prendre en considération les contrôles internes et leur efficacité et s’assurent de toujours adopter une mentalité d’amélioration continue est primordial.

J’aime donc beaucoup ce que vous venez de dire. La question des contrôles internes revêt une grande importance pour toutes les entreprises, qu’elles soient ou non cotées en bourse. Michael, j’aimerais maintenant m’adresser à vous. Je sais que vous avez réalisé l’audit de nombreuses sociétés ouvertes depuis le début de votre carrière. Pouvez-vous nous expliquer en quoi il est important d’avoir un environnement de contrôle robuste?

Michael Crolla :

Oui, bien sûr. Je pense que la prochaine fois je vais demander si je peux parler avant John. Il a vraiment très bien expliqué les nombreux points importants. J’ajouterais seulement que dans le cas des sociétés ouvertes, il faut tenir compte du contexte réglementaire, comme vous l’avez dit. D'abord, c’est obligatoire si vous êtes inscrit à la Bourse de Toronto. La situation est différente pour les émetteurs émergents, mais il se peut que la direction du comité d’audit doive fournir certaines informations ou attestations, car il est nécessaire d’obtenir des approbations. Il est donc important que le comité d’audit soit au courant du système de contrôle interne et que la direction s’assure que les contrôles fonctionnent efficacement. Du point de vue de l’auditeur, le fait qu’une entreprise ait mis en place un solide système est évocateur. Mettez-vous dans la peau d’un investisseur ou d’un utilisateur d'états financiers et demandez-vous quelle serait votre réaction selon qu’une entreprise accorde ou non de l'importance à l’évaluation des risques.

Cet exercice permet de comprendre que les investisseurs et les utilisateurs d'états financiers prendront une entreprise au sérieux dans son ensemble en fonction de cet aspect, et non simplement comme le ferait un auditeur qui se penche sur des risques précis. Une bonne évaluation des risques portera sur l’entreprise elle-même et sur l’atténuation de ses risques et ne sera pas fondée sur de simples listes de vérifications ou de cases à cocher. Pour évaluer adéquatement les risques, il faut d’abord bien cerner les secteurs à risque, puis faire appel à l’équipe de direction pour les comprendre et dresser un portrait de la situation en vue de s’assurer que des contrôles appropriés ont été mis en place. Il s’agit d'abord de comprendre les risques, puis de se concentrer sur la conception et la mise en œuvre des contrôles.

Anne-Marie Henson :

J’aime bien ce que vous dites, Michael. C’est en quelque sorte mon domaine d’expertise, ma zone de confort, en tant qu’auditrice de sociétés ouvertes. Toutefois, il ne s’agit pas seulement de la capacité de l’auditeur à se fier aux contrôles ou à modifier sa stratégie d’audit. Je crois qu’il faut également se pencher sur l’évaluation des risques et le processus d’acceptation des clients, que tous les cabinets doivent exécuter. Lorsque vous savez que l’environnement de contrôle est extrêmement fiable, qu’il y a un bon processus de gouvernance en place et que l’accent est mis sur le maintien de ces éléments au sein d’une entreprise, cela vous offre, à titre d’auditeur, un certain niveau de confort.

Comme ces éléments sont susceptibles de réduire le risque d’audit, il est toujours bon de constater leur existence. En plus des avantages dont peuvent bénéficier une entreprise et ses parties prenantes, je crois que la relation entretenue avec l’auditeur et la confiance à son égard constituent un autre avantage important. Donc, merci d’avoir précisé. La mise en œuvre et le maintien d’un solide environnement de contrôle sont d’excellents atouts, mais les entreprises doivent tout de même relever de nombreux défis pour y parvenir avec succès. John, comme vous aidez notamment les entreprises à établir leurs processus de contrôles internes et les tests connexes, pourriez-vous nous faire part de ce que vous observez au quotidien? Pourriez-vous également nous parler des importants obstacles auxquels les entreprises sont confrontées à cet égard et des mesures qu’elles pourraient prendre pour les surmonter?

John Asher :

Avec plaisir, Anne-Marie. L’accès aux ressources nécessaires pour tester les contrôles est certainement l'un de ces obstacles. Vous pouvez facilement imaginer l'équipe d'un service des finances qui s'affaire à produire les rapports financiers, les états financiers et les déclarations dans les délais prescrits. Les entreprises connaissent l'importance de tester les contrôles, mais certaines n’ont pas nécessairement les ressources nécessaires et ne peuvent se permettre d’avoir un service d’audit interne qui accomplira cette tâche. Ensuite vient la question des aptitudes. En effet, les employés des entreprises ne possèdent pas nécessairement les aptitudes nécessaires. Encore une fois, la plupart des sociétés ouvertes canadiennes font partie du marché intermédiaire. Elles ne disposent donc pas de l’expertise interne ni des connaissances financières ou de fonctions distinctes pour y parvenir. Certains clients gèrent également de nombreuses acquisitions. Pour chacune, il est nécessaire de mettre en place un autre ensemble de contrôles ainsi qu’un ensemble distinct de systèmes d’information.

Il faut habituellement des années pour instaurer un contrôle adéquat de la société mère sur la société affiliée. Plus il y a d’entités et de zones géographiques en jeu, plus vous aurez de types de systèmes et de contrôles différents en place. Parfois, il y a tellement de contrôles que cela crée de la confusion et entraîne de nombreux problèmes. Enfin, la technologie, notamment les systèmes, peut poser problème si une technologie inadéquate est utilisée pour soutenir les contrôles internes. Voilà qui résume certains des points importants. Maintenant, Anne-Marie, je voudrais revenir sur le ton donné par la direction, ce dont vous avez parlé tout à l'heure. Certaines entreprises n’y accordent pas d’importance. Elles s’attardent aux contrôles internes, mais non aux aspects réglementaires visant à s’assurer que la conception et l’efficacité font l'objet de tests. Elles perçoivent le tout comme un casse-tête réglementaire et veulent s’en débarrasser le plus rapidement possible.

C’est un peu ce que nous ressentons tous parfois, non? Par ailleurs, si vous obtenez l’adhésion des dirigeants, vous pouvez mettre en place un programme de contrôle interne rigoureux qui permettra réellement d’atténuer les risques et qui sera avantageux. Vous avez posé une deuxième question sur l’atténuation des risques, et Michael a parlé d'évaluation des risques, en plus des contrôles internes à l’échelle de l’entreprise. Mais quels sont les principaux risques pour les entreprises? Je crois qu’une évaluation des risques devrait être réalisée régulièrement, soit au moins une fois par année, en plus d’un suivi trimestriel pour déterminer si des changements sont survenus. Parlons maintenant de la formation et du perfectionnement des employés exerçant ces fonctions. Comme vous le savez, bien que ça ne soit pas tout à fait le cas cette année, il y a eu un roulement élevé dans le marché des professionnels de la finance et de la gestion des risques. Donc, si vous offrez une formation et du perfectionnement adéquats à vos employés, ils seront davantage susceptibles de rester, et vous n’aurez pas à embaucher de nouveaux employés. Enfin, j’aimerais parler de technologie. Il existe de nombreux systèmes efficaces qui soutiennent les programmes de contrôle interne et établissent un lien entre l’entreprise et la fonction d’audit interne ou le fournisseur de services qui testera les contrôles. C'était donc mon opinion.

Anne-Marie Henson :

Merci de nous en avoir fait part. Je crois qu’il est important de noter que même si on ne dispose pas des ressources nécessaires en interne ou des mêmes ressources que d'autres pays pour assurer le maintien d’un solide environnement de contrôle interne, par exemple une équipe d’audit interne, on peut toutefois recourir à d’autres moyens, comme la mise en place de systèmes efficaces pour gérer les contrôles advenant le départ d’un employé ou l’acquisition de nouvelles affaires, et ainsi éviter la pression excessive associée à un accès limité à des ressources au sein de l'entreprise. À mon avis, il s’agit d’excellents facteurs à prendre en considération. Nous l’avons constaté par le passé, l'environnement de contrôle d'une entreprise qui n’évolue pas est idéal.

Nous savons tous que ce n’est pas ce que nous voulons voir. Nous voulons voir nos clients acquérir des entreprises, prendre de l’expansion à l’étranger et mettre à niveau les technologies qu'ils utilisent. Quoique souhaitables, ces éléments peuvent engendrer une grande pression sur l'environnement de contrôle interne si nos clients ne sont pas vigilants et n'en tiennent pas constamment compte au fil de leur évolution. Donc, Michael, dans vos interactions avec vos clients qui sont des sociétés ouvertes, vous avez constaté que les comités d’audit sont souvent essentiels pour assurer un certain niveau de gouvernance à l’égard d’aspects tels que les contrôles internes. Selon vous, quelles seraient les principales qualités qu’un comité d’audit devrait posséder ou quels sont les facteurs qu’il devrait prendre en considération afin de s’assurer de maintenir une solide gouvernance à l’égard de l’environnement de contrôle interne d’une entreprise?

Michael Crolla :

Je déteste donner la réponse typique de l’auditeur ou du comptable, mais ça dépend. En effet, ça dépend du secteur, de l’entreprise en question et de la nature de ses activités. Vous avez abordé tout à l'heure des facteurs tels que l’expansion d’une entreprise, son emplacement, sa direction ainsi que les risques qui y sont associés. Lorsqu'une entreprise désire exercer ses activités à l’échelle internationale et réaliser des profits, il y a différents facteurs à prendre en considération. Pour être honnête, chaque entreprise a une culture et des besoins uniques. Donc, les responsabilités du comité d’audit devraient être définies dès le départ à partir d'un portrait des activités de l'entreprise au quotidien. Bien entendu, elles devront être régulièrement revues et mises à jour, mais cette mesure permettra d’établir le premier cadre de travail et les responsabilités des membres du comité d’audit.

Les aspects ayant la plus grande incidence doivent être mis en priorité. Comme il a été mentionné, vous ne pouvez pas éliminer tous les risques inhérents à l’entreprise ou à ses activités, mais, en vous concentrant sur les principaux risques, vous serez à même de les atténuer. Si vous vous attardez à tous les risques, vous alourdirez le processus, tant du point de vue du comité d’audit que de ceux de la direction et de l’équipe sous-jacente, ce qui pourrait créer des tracasseries bureaucratiques superflues. Selon moi, il est essentiel que les membres du comité d’audit soient en mesure d’avoir une vision globale.

De plus, un bon niveau de littératie financière est crucial. Pour être efficace, un comité d’audit doit avoir une bonne compréhension de l’entreprise et de ses cadres de contrôle et d’indépendance, et passer en revue ces cadres régulièrement. Le monde continue d’évoluer et de se transformer, et certains risques relevés maintenant pourraient avoir une incidence sur les affaires dans l’avenir. Il est donc essentiel de rester au fait de l’actualité et de comprendre les répercussions des changements. Je dirais qu’un membre du comité d’audit devrait remettre en question la direction pour comprendre l’entreprise et ses états financiers, et entretenir une relation fondée sur un dialogue ouvert à l’égard de certains problèmes et de leur incidence sur la présentation de l’information financière. Participer est une partie importante du travail, et les possibilités à cet égard sont plus nombreuses que jamais. Comme je l’ai mentionné, le monde se transforme, et nous devons nous adapter. Il y a fort à parier que le rôle des membres des comités d’audit évoluera et dépassera largement les simples réunions officielles. Je crois que les gens qui occupent ce poste ou qui pensent le faire devraient savoir qu’ils devront s’investir davantage tout au long de l’année. Nous avons parlé du ton donné par la direction. Le comité d’audit devra surveiller cet aspect et veiller à la transmission de l’information à l'échelle de la direction et de l’entreprise. Il sera aussi important d’établir une relation ouverte et transparente avec les dirigeants, qu’il s’agisse de la direction ou de la fonction d’audit interne, et de bien comprendre les forces et les faiblesses de l’environnement afin de prendre les mesures nécessaires pour gérer les éléments à améliorer, de façon proactive ou au besoin.

Anne-Marie Henson :

Ce qui m’a le plus frappée, c’est lorsque vous avez dit qu’il fallait miser sur les secteurs ou les priorités clés. Nous voulons tous avoir un environnement de contrôle idéal, mais, comme vous le disiez, cela peut mener à de nombreuses inefficacités. Un bon point de départ consisterait à trouver une façon de simplifier les choses et de se concentrer sur les éléments clés, possiblement le chiffre d’affaires ou les acquisitions ainsi que les secteurs pour lesquels l’exercice du jugement est beaucoup plus important. Ce dernier point est d’ailleurs lié à ma prochaine question, qui porte sur les entreprises qui ne sont pas encore cotées, mais qui souhaitent entrer en bourse. Les entreprises attendent toutes avec impatience ce moment, puisqu’il s’agit d’une excellente façon pour elles d'obtenir des capitaux. Considérant que le deuxième trimestre de 2024 ou l’année 2025 serait le bon moment pour une entreprise de faire un appel public à l’épargne, quels conseils lui donneriez-vous pour qu'elle puisse améliorer son environnement de contrôle?

Michael Crolla :

C’est une excellente question. Tout d’abord, je dirais que le processus en est un de longue haleine. Au fil de la mise en place des divers contrôles, l'entreprise pourrait constater la présence d'éléments qui ne sont pas nécessairement problématiques. Elle pourrait aussi constater l'absence d'éléments importants et remédier au problème. À mon avis, de telles constatations indiquent que ses contrôles fonctionnent bien. C'est donc une bonne chose, mais ça demande du temps. Et si l’entreprise tente d’en faire trop dès le début, une partie de ses employés pourrait ne pas adhérer à sa démarche. Comme nous l’avons dit, elle doit se concentrer sur les principaux défis ou sur les points qui engendrent plus de risques. D’abord, elle doit essayer de les atténuer. Si elle y parvient, elle doit continuer à mettre en œuvre ses contrôles et les adapter au fur et à mesure.

Honnêtement, si elle envisage une entrée en bourse, il est très important que les membres de son équipe soient sur la même longueur d’onde et que les comités d’audit, les conseils d’administration, la direction, l’équipe d’audit interne et l’équipe d’audit externe entretiennent des relations constructives. Tous ces groupes doivent interagir et s’assurer d’avoir la même vision quant aux progrès réalisés. Je dirais aussi qu’il s’agit d’un investissement de personnel, de temps et d’argent. Tous ces facteurs doivent être pris en compte. Parfois, lorsqu’il est question de contrôles, des éléments importants sont négligés, car on mise uniquement sur la conclusion rapide de la transaction. John a fait un commentaire plus tôt à propos de notre économie et du fait qu'elle est davantage axée sur le marché intermédiaire d'un point de vue mondial. Ce facteur peut, par erreur, être ignoré lors d'une inscription en bourse aux États-Unis, tout comme le fait que l’environnement de contrôle pourrait être très différent de celui du Canada peut être négligé.

Si on a cet objectif à long terme, on doit se préparer et investir adéquatement. Si on souhaite s'inscrire à la bourse d’un autre pays et obtenir du financement, il faut s'assurer de mettre en place les contrôles appropriés et de respecter les exigences réglementaires. Il s’agit d’un processus continu. Le comité d’audit doit constamment évaluer le rendement de l’équipe de direction et de l’auditeur, en plus de son propre fonctionnement.

Anne-Marie Henson :

Merci de l’explication. C’est vrai qu'il est important d’en prendre conscience. J’aime ce que vous avez dit à propos du fait qu’il s’agit d’un long processus, à entreprendre bien avant de faire un appel public à l’épargne pour avoir le temps de cerner ce qui fonctionne ou non pour une entreprise. En fait, si les contrôles en place atténuent assurément les risques et règlent les problèmes importants de votre entreprise, il faut aussi qu’ils soient souples et favorables à la croissance, à l’expansion et aux acquisitions, sans toutefois entraîner trop de tâches administratives. Ce que vous avez dit concernant la mobilisation de capitaux dans d’autres pays, même s’ils sont plus petits que le Canada, est bien intéressant. Du point de vue des marchés financiers, ceux-ci peuvent avoir des exigences plus strictes en matière de contrôle. Il est donc toujours très important de s'informer avant d’entreprendre quoi que ce soit. John, j’aurais une dernière question pour vous. Quels conseils donneriez-vous aux entreprises concernant l’amélioration ou l’optimisation des contrôles internes?

John Asher :

Je serai heureux de vous répondre. Voici certaines de mes recommandations. Tout d’abord, je commencerais par la surveillance réglementaire. Elle prend normalement la forme d’exercices annuels, mais on ne doit pas attendre un an pour savoir si les contrôles sont efficaces ou non. Par conséquent, je surveillerais continuellement les contrôles et apporterais des changements, au besoin, plutôt que d’attendre le processus d’attestation du chef de la direction et du chef des finances à la fin de l’année. Nous avons parlé un peu d'évaluations des risques; je n’ai qu’une chose à dire à ce sujet : continuez d’en effectuer. Assurez-vous que les contrôles permettent de gérer efficacement les risques relevés. De cette façon, il sera plus facile pour votre entreprise de s’adapter à l’environnement d’affaires. Nous traversons actuellement une période très dynamique et volatile sur les marchés. Les contrôles et les entreprises évoluent, alors assurez-vous d’effectuer continuellement des évaluations des risques et de veiller à ce que les contrôles en place permettent de gérer adéquatement les risques relevés. La flexibilité et l’adaptabilité sont également des aspects très importants. Je crois que certaines entreprises tenteront de gérer les contrôles comme elles le faisaient à leurs débuts, mais il est primordial de tenir compte de l'l'évolution. Si vous exploitez une petite société ouverte, mettez en place une approche simple et évolutive, puis contribuez à son développement au sein de l’entreprise et adaptez-la lorsque des défis se présentent. Ensuite, je vous dirais de miser sur la simplification. Évitez d'ajouter des contrôles superflus simplement pour vous rassurer que vous en avez. J’ai collaboré avec de très grandes sociétés ouvertes, notamment des sociétés figurant au classement Fortune 500, de même qu’avec de très petites sociétés. Je peux vous dire que les petites sociétés mettent en place beaucoup plus de contrôles que les grandes sociétés, puisqu’elles n’arrivent pas à s’adapter et à simplifier leur processus. Cela entraîne plus de travail et nécessite un investissement plus important en temps et en coûts lorsque vous recourez à la sous-traitance.

Assurez également la collaboration au sein de l’entreprise et des fonctions principales, soit celles des TI et de l’audit interne. Si tout le monde travaille intelligemment, cela favorisera la collaboration et renforcera par le fait même l’environnement de contrôle. Définissez bien les rôles et responsabilités au sein de l’entreprise, particulièrement en ce qui concerne les contrôles internes.

Parmi les recommandations que je tiens à vous faire, l'utilisation de la technologie en est une particulièrement importante. Vous avez accès à de nombreux outils, notamment l’IA générative, dont nous entendons parler constamment. Les technologies novatrices occuperont une place de plus en plus importante avec le temps. Nous n'en sommes qu’au début, mais restez toujours à l'affût. Vous pouvez déjà utiliser des outils axés sur la gouvernance, les risques et la conformité pour répertorier vos contrôles internes et soutenir la documentation de vos tests des contrôles.

Assurez la formation et le perfectionnement continus de vos employés. Selon certaines études, cela contribuerait à la rétention du personnel et au renforcement de l’environnement de contrôle. Nous savons tous que le processus d’embauche peut s’avérer très coûteux. Plus vos employés posséderont de solides aptitudes, plus le risque d’erreurs sera susceptible d’être faible lors de la réalisation des contrôles. Ma dernière recommandation porte sur l’engagement de la direction, qui est probablement le point le plus important. Nous avons parlé de l’adhésion des dirigeants, mais il est très important de compter sur leur engagement afin que les employés connaissent la réglementation et en soient conscients, en plus de veiller continuellement à l’amélioration des contrôles internes. En somme, en misant sur ces éléments, vous arriverez à créer un cadre de contrôle interne solide, ce qui vous permettra non seulement de vous conformer aux exigences réglementaires, mais également de favoriser l’atteinte de vos objectifs commerciaux et de gérer les risques. Je crois que c’est la clé de la réussite des entreprises.

Anne-Marie Henson :

Merveilleux! Merci beaucoup, John. Ces renseignements nous seront très utiles et, espérons-le, aideront les entreprises à mettre en place un cadre de contrôle interne ou à améliorer celui qu'elles ont déjà. Je vous remercie sincèrement de votre temps et de vos propos éclairants. J’espère que nos auditeurs ont trouvé notre discussion intéressante. J’aimerais également les remercier de nous avoir écoutés aujourd’hui et lors de nos autres épisodes. Je m’appelle Anne-Marie Henson, et c’était La comptabilité de l’avenir de BDO. N’hésitez pas à nous faire savoir si vous avez trouvé le sujet intéressant et utile, et n’oubliez pas de vous abonner si vous l’avez aimé. En attendant, je vous dis à la prochaine!

Narrateur :

Merci d’avoir été des nôtres pour cet épisode de La comptabilité de l’avenir. Vous pouvez écouter les épisodes précédents et lire d’autres articles sur le sujet à l’adresse www.bdo.ca/accountingforthefuture. Vous pouvez également vous abonner sur Apple Podcasts, Spotify ou Google Balados. Pour obtenir de plus amples renseignements sur BDO Canada, visitez le www.bdo.ca.

Notre site utilise des témoins nous permettant de vous offrir un service plus réactif et personnalisé. En consultant notre site, vous acceptez l'utilisation des témoins. Veuillez lire notre déclaration de confidentialité pour en savoir plus sur les témoins que nous utilisons et sur la façon de les bloquer ou de les supprimer.

Accepter et fermer