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Renforcer la résilience des entreprises canadiennes face aux défis commerciaux

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Les dirigeants d’entreprise évoquent la possibilité d’une hausse substantielle des tarifs douaniers sous le nouveau gouvernement de Donald Trump. Tel qu'annoncé le 25 novembre dernier, des tarifs douaniers de 25 % pourraient être imposés sur tous les produits canadiens et mexicains importés aux États-Unis. Les propositions précédentes comprennent un tarif universel de 10 à 20 % sur toutes les importations, en plus d’imposer un tarif distinct d’au moins 60 % aux produits d’origine chinoise. Si ces mesures visent à stimuler la fabrication intérieure des États-Unis et à réduire la dépendance du pays aux produits étrangers, les dirigeants souhaitent néanmoins préparer leur entreprise à affronter les changements à venir et à tirer le meilleur parti des occasions qui s’offrent à eux.

Le Canada est à la fois un voisin et un partenaire commercial des États-Unis. À ce titre, les tarifs proposés auront des répercussions différentes de part et d’autre de la frontière. Des deux côtés, les dirigeants d’entreprise y ont réagi différemment, tout en convenant de la complexité de la situation. Les chefs d’entreprise canadiens savent quelles graves conséquences la grande incertitude qui règne pourrait avoir sur l’économie du pays.

Qu’est-ce qui explique cette incertitude entourant l’approche commerciale que le président élu pourrait adopter au cours de son second mandat? Nous nous sommes entretenus à ce sujet avec Scott Reid, analyste politique et commentateur pour CTV News.

« Donald Trump a fait montre d’une aversion pour les accords commerciaux multilatéraux, qu’il estime restrictifs, et privilégie les accords bilatéraux ou sectoriels plus transactionnels qui lui confèrent, selon lui, une influence plus grande, puisqu’il contrôle la Chambre des représentants, le Sénat et la Cour suprême, ses politiques commerciales ne seront probablement pas remises en cause. »
Scott Reid, analyste politique et commentateur pour CTV News

En outre, la récente désignation d’Howard Lutnick comme responsable de la stratégie de Trump en matière de commerce et de tarifs douaniers est révélatrice de ses ambitions, car M. Lutnick a affirmé que les tarifs douaniers étaient à la fois un outil de négociation et un moyen d’influencer certains secteurs d’activité.

Devant l’inquiétude et l’incertitude, les chefs d’entreprise qui font preuve de résilience se munissent de plans d’action. Vu les enjeux qui s’annoncent considérables, la planification et les bonnes pratiques commerciales restent le meilleur moyen de tirer son épingle du jeu. « Les entreprises qui développent leurs capacités de gestion en procédant à des tests et en élaborant des hypothèses augmentent leurs chances de réussite », observe l'associé directeur, Marchés et secteurs, de BDO Canada, Mike Abbott. Les entreprises devraient tester leur état de préparation selon différents scénarios de tarifs douaniers. »

La meilleure approche demeure toujours d’anticiper, de s’adapter et d’être préparé. « L’incertitude entourant les politiques commerciales nous oblige à repenser nos stratégies traditionnelles », déclare le PDG de BDO Canada, Bruno Suppa. « Les dirigeants qui veulent prospérer dans un tel environnement doivent mettre l’accent sur la flexibilité et l’innovation et faire des choix délibérés qui assurent leur stabilité tout en maintenant l’investissement dans la création de valeur à long terme » Les PDG et les chefs d’entreprise doivent commencer à réfléchir aux principaux défis auxquels ils feront face, dont la hausse du coût des exportations canadiennes vers les États-Unis, les vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement, les options pour la chaîne d’approvisionnement, l’incertitude du marché et les pressions exercées par la concurrence.

Comment l’augmentation des tarifs douaniers peut faire grimper le coût des importations et des exportations canadiennes et éroder leurs bénéfices 

Les tarifs douaniers imposés sur les produits canadiens entrant aux États-Unis s’apparentent à une taxe. Comme les taxes, ils augmentent le prix des produits sur le marché américain, ce qui entraîne une baisse de la demande, car les acheteurs cherchent toujours à se procurer un article moins cher. En réponse à cette réduction de la demande, les exportateurs canadiens doivent revoir leurs prix à la baisse afin d’absorber en partie les tarifs douaniers, ce qui ampute leurs bénéfices.

En outre, comme les entreprises et les fabricants américains sont soumis à des tarifs douaniers élevés sur les importations de pays comme la Chine, le coût de leurs intrants augmentera forcément. Cette hausse sera reportée à travers la chaîne d’approvisionnement, ce qui se soldera par une augmentation du prix des produits finis. Par conséquent, non seulement les consommateurs américains verront les prix des produits de consommation courante bondir, mais les entreprises canadiennes qui en importent devront également composer avec des coûts plus importants. Ainsi, ces tarifs douaniers auront pour effet d’alimenter les pressions inflationnistes, de comprimer les marges bénéficiaires et de nuire à la capacité concurrentielle des produits nord-américains sur le marché mondial.

Une hausse des tarifs douaniers s’accompagne très souvent d’une complexification des exigences administratives et à celles de conformité, ce qui fait gonfler les coûts d’exploitation et occasionne des retards, qui entament à leur tour les bénéfices des exportateurs.

Certains secteurs risquent d’être plus durement touchés, notamment ceux de la fabrication, des technologies, de la vente au détail et de la grande distribution. De nombreux produits, surtout dans le secteur automobile, franchissent plusieurs fois la frontière entre le Canada et les États-Unis en cours de production. Les multinationales de l’automobile comptent sur une chaîne d’assemblage transfrontalière fluide que l’incertitude entourant le commerce complique considérablement.

Enfin, la demande changeante et la volatilité des prix peuvent avoir des conséquences sur les taux de change, donc sur les coûts d’exportation.

Importance d’évaluer la dépendance aux voies commerciales entre les États-Unis et le Canada

En 2018, Donald Trump a imposé des tarifs douaniers de 25 % sur les importations d’acier et de 10 % sur les importations d’aluminium. Les représentants canadiens ont fini par persuader le président républicain d’accorder une exemption au Canada à la suite de concessions lors des négociations de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Cette fois-ci, l’imposition de nouveaux tarifs douaniers de 25 % déclencherait la tenue de négociations bien avant que ne commencent celles entourant le renouvellement de l’ACEUM en 2026. Le président américain exercerait alors des pressions sur les négociateurs canadiens avant même le début du processus formel. Par ailleurs, certains ont récemment évoqué la possibilité, sans que cela soit confirmé, que le Canada emboîte le pas aux États-Unis en isolant le Mexique des pourparlers commerciaux, ce qui laisse présager des négociations âpres et imprévisibles.

Les États-Unis étant le principal partenaire commercial du Canada, toute entrave à leur marché peut avoir des conséquences désastreuses sur les flux de revenus et sur les chaînes d’approvisionnement. La Chine se verra probablement imposer les tarifs douaniers les plus élevés, mais leurs répercussions sur le Canada restent imprévisibles. Les chefs d’entreprise canadiens devraient donc dès maintenant réfléchir à leur dépendance à la logistique transfrontalière. Ils pourront ainsi mieux anticiper les risques, comme les retards résultant de changements réglementaires, des conséquences des tarifs douaniers ou des goulets d’étranglement dans le domaine des infrastructures, et mettre en œuvre des stratégies pour les atténuer.

Des interventions en amont permettent d’assurer la continuité des opérations, de renforcer l’agilité et d’accroître la résilience face aux perturbations commerciales qui résulteront probablement de l’imposition des tarifs douaniers envisagés. Celles-ci consistent notamment à envisager d’autres voies commerciales, à mapper les chaînes d’approvisionnement afin de déterminer les produits et services qui dépendent du transport transfrontalier, à analyser les revenus et les segments de clientèle rattachés au marché américain et à examiner les voies logistiques exposées à des goulets d’étranglement. « Les entreprises qui comprennent leurs coûts de douane ont un avantage concurrentiel considérable par rapport à celles qui ne savent pas si les marchandises importées sont classées et évaluées correctement, si le pays d’origine est exact et si les accords commerciaux ont été correctement appliqués. Étant donné que ces questions ne relèvent généralement pas de la compétence des courtiers en douane, les entreprises qui ont fait la lumière sur ce trou noir parviennent à récupérer des sommes considérables », commente le chef des Services en matière de taxes indirectes de BDO Global, Brian Morcombe.

Vue du port de Vancouver, un grand port maritime, avec des montagnes en arrière-plan.

Comment la dislocation des politiques commerciales entrave les choix stratégiques

Pour les chefs d’entreprise canadiens appelés à faire des choix stratégiques, l’instabilité des politiques commerciales peut être source de nombreuses embûches. Pour surmonter ces difficultés, ils doivent adopter une approche souple et résiliente, notamment en diversifiant leurs chaînes d’approvisionnement, en constituant des réserves financières et en explorant de nouveaux marchés. Une telle stratégie présente certes des défis, car elle exerce des pressions sur les ressources et complique la planification à long terme, mais elle constitue la meilleure option en période d’incertitude.

Les chefs d’entreprise se heurtent à des difficultés de planification stratégique communes sur plusieurs fronts. La politique commerciale incertaine leur pose des problèmes importants à plusieurs égards. Il devient de plus en plus ardu d’assurer le bon fonctionnement et la fiabilité des chaînes d’approvisionnement en raison des perturbations, ce qui nécessite des efforts de diversification à la fois coûteux et laborieux. La planification financière est encore compliquée par la volatilité des projections, ce qui a un effet sur la capacité d’établir un budget et des prévisions de revenus en temps voulu. Les investissements stratégiques peuvent être retardés, comme ceux dans les infrastructures ou la recherche et le développement, et l’incertitude quant aux accords commerciaux et à la mobilité de la main-d’œuvre a une incidence sur l’acquisition de talents et la planification de la main-d’œuvre. En outre, l’adaptation à des exigences réglementaires en constante évolution peut détourner des ressources qui auraient été consacrées à des stratégies de croissance planifiées.

Comment le Canada se prépare en vue du début du mois de janvier

En plus des tarifs douaniers de 25 % récemment annoncés sur toutes les importations de produits canadiens aux États-Unis, la politique commerciale de M. Trump devrait faire l'objet d'autres annonces au début du mois de janvier. Les dirigeants d’entreprise doivent se préparer à un important processus de négociation et aux tensions politiques qui en découleront inévitablement. Scott Reid surveille de près les gestes du gouvernement fédéral.

"Le gouvernement d’Ottawa a convoqué de nouveau son comité ministériel Canada-États-Unis afin de mettre au point une démarche structurée et professionnelle pour dialoguer avec le nouveau gouvernement, sachant qu’il faut chercher à obtenir de vastes exemptions à toute nouvelle taxe sur les importations, dans l’espoir de pouvoir orienter les relations commerciales vers les renégociations de l’ACEUM."
Scott Reid, analyste politique et commentateur pour CTV News

Dans l’ensemble, les chefs d’entreprise canadiens ont intérêt à être conscients du risque de perdre des parts de marché au profit d’entreprises américaines en raison des tarifs douaniers proposés par M. Trump, car ils rendent les produits canadiens plus coûteux et moins concurrentiels sur le marché américain. La hausse des coûts pourrait pousser les consommateurs et les entreprises des États-Unis à se tourner vers des produits américains, ce qui réduirait la demande de produits canadiens. Les entreprises canadiennes qui tentent d’absorber l’augmentation des coûts d’exportation vers les États-Unis ne pourront plus rivaliser avec leurs concurrents.

Comment nous pouvons aider votre entreprise à se préparer

La résilience repose sur une planification efficace et de bonnes pratiques commerciales. Les chefs d’entreprise canadiens devraient mettre en œuvre plusieurs mesures dès à présent.

Analyse de votre position commerciale actuelle
Réalisez un examen approfondi de vos positions commerciales actuelles avec vos équipes de direction et déterminez les accords commerciaux les plus susceptibles d’être touchés. Envisagez de faire des exercices et des scénarios pour tester votre résistance au stress.
Définition d’une base de référence en vue de réduire les coûts
Recensez les pays dans lesquels vous effectuez des achats et les coûts d’importation associés afin d’établir une base de référence pour la réduction de ces coûts.
Rencontres avec les fournisseurs
Une fois que vous aurez calculé vos coûts, organisez des rencontres avec des fournisseurs actuels et nouveaux dans des pays moins vulnérables ou bénéficiant d’accords commerciaux et de tarifs douaniers plus favorables afin de négocier et d’obtenir des réductions de prix avant vos concurrents.
Recherche de l’innovation
Explorez les occasions d’investir dans l’innovation afin d’accroître votre efficacité et de réduire vos coûts.

BDO Canada est en mesure d’aider les chefs d’entreprise canadiens à trouver des solutions et à faire face de manière proactive à ces défis potentiels dès maintenant.

Notre équipe des Services liés aux douanes et au commerce international est le point de contact idéal pour entamer la conversation.

Demande de consultation

L’information présentée est à jour en date du 25 novembre 2024.

Cette publication a été préparée avec soin. Cependant, elle n’est pas rédigée en termes spécifiques et doit seulement être considérée comme des recommandations d’ordre général. On ne peut se référer à cette publication pour des situations particulières et vous ne devez pas agir ou vous abstenir d’agir sur la base des informations qui y sont présentées sans avoir obtenu de conseils professionnels spécifiques. Pour évoquer ces points dans le cadre de votre situation particulière, merci de contacter BDO Canada s.r. l./S.E.N.C.R.L./LLP. BDO Canada s.r. l./S.E.N.C.R.L./LLP, ses partenaires, collaborateurs et agents n’acceptent ni n’assument la responsabilité ou l’obligation de diligence pour toute perte résultant d’une action, d’une absence d’action ou de toute décision prise sur la base d’informations contenues dans cette publication.

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