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Développement durable et présentation de l'information financière

Kyle Hulme :

Il est possible de faire rimer durabilité et prospérité. Les entreprises réévaluent leurs activités, leur approche à l'égard des talents, leur culture organisationnelle; elles réévaluent leur objectif en tant qu'entreprise. Celles qui réalisent cet exercice découvrent de nouvelles manières de travailler pour obtenir des résultats, laisser place à la créativité et à l'innovation et donner un but aux employés qui les motive à sortir du lit et à aller travailler.

Narrateur :

Bienvenue à La comptabilité de l'avenir, un balado de BDO Canada à l'intention des dirigeants financiers qui doivent composer avec le changement et qui veulent assurer leur croissance. Nous aborderons des questions que les directeurs financiers n'avaient pas eu à traiter par le passé, mais qu'ils devront inévitablement gérer à l'avenir.

Armand Capisciolto :

Bonjour et bienvenue à La comptabilité de l'avenir. Je m'appelle Armand Capisciolto, associé au sein du Service national des normes comptables et chef des Services-conseils en comptabilité de BDO Canada. Dans l'épisode d'aujourd'hui, j'accueille Kyle Hulme, ancien employé de BDO, qui travaillait au sein des Services-conseils en développement durable. Kyle s'est récemment joint à un client de BDO Canada qui exerce ses activités dans le secteur de l'immobilier. Aujourd'hui, nous discuterons du lien entre le développement durable et la présentation de l'information financière. Kyle, bienvenue à La comptabilité de l'avenir.

Kyle Hulme :

Merci, Armand. Je suis ravi d'être ici.

Armand Capisciolto :

Kyle, comme je le disais, c'est la première fois que j'anime un balado. Il pourrait donc y avoir quelques difficultés en cours de route. Cependant, comme il s'agit d'un sujet dont nous avons souvent discuté ensemble, je crois que ce sera une conversation comme les autres, sauf que nous serons enregistrés.

Kyle Hulme :

Excellent. J'ai hâte de m'y plonger. Comme vous le disiez, nous discutons souvent de ce sujet. C'est bien de pouvoir faire part aux autres de certaines de nos conversations.

Armand Capisciolto :

Bon, commençons par une question de base. Il s'agit d'une habitude que j'ai et je ne sais pas si c'est correct ou non : je parle souvent de façon interchangeable de la durabilité et des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (« ESG »). Ces termes renvoient-ils au même concept? Puis-je les utiliser indifféremment?

Kyle Hulme :

En fait, je conçois la durabilité comme le concept et les facteurs ESG comme les moyens. La durabilité, c'est la mission des entreprises, ce qu'elles s'efforcent d'atteindre jour après jour. Cela représente leur viabilité à long terme.

Par contre, à mon avis, un changement s'est opéré et la durabilité n'est plus synonyme de rendement. Je crois qu'elle est maintenant associée à la fois au rendement et à la mission. Ainsi, la durabilité d'une entreprise repose sur sa capacité à afficher un bon rendement tout en ayant une base de gouvernance solide et une incidence positive sur l'environnement et la société.

Quant aux facteurs ESG, ils correspondent plutôt à la méthode employée à cette fin. Ce sont les ressources, les cadres et les principes qui permettent à une entreprise d'atteindre la durabilité à long terme. Nous assistons actuellement à un important changement dans les marchés qui découle, selon moi, de la transformation de notre société. Je suis également d'avis que les entreprises et leurs parties prenantes se soucient réellement de l'apport des entreprises de même que des répercussions environnementales et sociales qu'elles ont sur leur milieu. Cela s'inscrit dans le cadre de la durabilité. Bref, la durabilité représente le concept et les facteurs ESG, la manière dont les entreprises peuvent assurer cette durabilité.

Armand Capisciolto :

Bon, vous mentionnez plusieurs éléments. Vous avez parlé de changement, et c'est pertinent, car la durabilité n'est pas un concept nouveau, mais bien un concept qui évolue, selon moi. D'ailleurs, ce n'est certainement pas un concept nouveau pour vous qui avez travaillé pour une grande fiducie de placement immobilier et participé à la conception de son premier rapport sur le développement durable. Chez BDO, vous fournissiez des conseils aux clients en matière de développement durable. Pouvez-vous préciser un peu le contexte et nous expliquer en quoi consiste la prestation de tels services-conseils?

Kyle Hulme :

Bien sûr, Armand. Je crois que tout commence par le fait de soutenir les entreprises dans l'atteinte de la durabilité à long terme. Nous cherchons à soutenir les clients dans la mise en œuvre de programmes de développement durable ou le renforcement de leurs programmes en place.

Cela repose en grande partie sur l'élaboration d'une stratégie qui tient compte de la dynamique de marché, des objectifs de l'entreprise, de sa mission. Nous aidons les clients à comprendre le cadre conceptuel des facteurs ESG et à se préparer aux futures exigences réglementaires en matière de présentation de l'information financière.

Fait intéressant, et le Forum économique mondial l'a d'ailleurs relevé, les données représentent l'un des obstacles ou des défis les plus importants à la mise en place de programmes de développement durable. Nous aidons donc les entreprises à exploiter leurs données, à quantifier leurs émissions et leurs répercussions et à comprendre où elles en sont actuellement afin d'établir leurs engagements à long terme. Ainsi, nous soutenons nos clients de plusieurs façons mais, pour résumer, nous enclenchons leur démarche vers la durabilité pour qu'ils puissent laisser la marque qu'ils désirent dans le monde qui les entoure.

Armand Capisciolto :

Les données, c'est très intéressant. Je crois que les données reviennent dans presque tout ce que nous faisons, quel que soit le sujet dont nous parlons. Les données ayant trait au développement durable ont sans doute déjà été recueillies par les entreprises par le passé, mais pas nécessairement avec la même rigueur que lorsqu'elles sont recueillies à d'autres fins.

Kyle Hulme :

Oui, je suis tout à fait d'accord. De plus, je pense qu'une nouvelle dynamique se joue autour des entreprises qui s'engagent à atteindre la carboneutralité et qui tentent de quantifier leur empreinte écologique. Cela demande des entreprises qu'elles acquièrent de nouvelles compétences, qu'elles utilisent un nouvel ensemble de données et qu'elles posent un nouveau regard sur elles-mêmes. Elles doivent également prendre conscience de leur empreinte écologique actuelle, puis préparer une feuille de route pour réduire cette empreinte. Cette démarche demeurera importante et le sera encore plus dans les années à venir, notamment en raison des nouvelles exigences en matière de présentation de l'information financière.

Armand Capisciolto :

Lorsque vous traitez avec un client au sujet de stratégie en matière de développement durable, avec quel service ou quelle personne discutez-vous habituellement? Je présume que vous discutez avec de nombreuses personnes dans les entreprises avec lesquelles vous travaillez. Qui est généralement responsable de ces projets?

Kyle Hulme :

En fait, il faut savoir que le développement durable relève de l'entreprise. En ce sens, le conseil d'administration a un rôle à jouer, tout comme les hauts dirigeants, les employés et les parties prenantes. Ainsi, les programmes de développement durable appartiennent à l'ensemble de l'entreprise. Par contre, si on pense au développement durable, aux facteurs ESG et à leur incidence sur les affaires, diverses fonctions de l'entreprise devront s'adapter ou seront perturbées en raison des répercussions environnementales et sociales de ces programmes.

Par exemple, le service des finances sera touché par les obligations en matière d'information financière à venir. Il devra être en mesure de fournir de l'information concernant les émissions. Quant au service de marketing, il devra rassembler les informations sur le développement durable et les grandes lignes des programmes sociaux et environnementaux pour promouvoir l'entreprise. Le service des ressources humaines devra mobiliser et comprendre son bassin de talents, intégrer le développement durable à ses programmes de perfectionnement et de rétention, puis créer une culture de la conscience sociale et écologique.

Les programmes de développement durable et de facteurs ESG appartiennent à l'entreprise, bien que la responsabilité à l'égard de leur exécution incombe de plus en plus au directeur financier ou à l'équipe des services en comptabilité. Cela est largement attribuable au fait qu'un des principaux résultats de ces programmes est la présentation de l'information financière relative au développement durable. De plus, avec l'arrivée des obligations de déclaration, on s'attend à ce que l'information relative au développement durable fasse partie des exigences en matière de présentation de l'information destinée à l'externe.

Armand Capisciolto :

Tout à fait. Lorsqu'il est question d'exigences en matière de présentation de l'information à l'externe, c'est habituellement le service des finances ou plutôt le directeur financier qui en assume la responsabilité. Comme vous le savez, Kyle, mon parcours et mon poste chez BDO sont axés sur les normes comptables. On me demande parfois pourquoi je parle de développement durable, pourquoi j'y accorde un tel intérêt alors que je devrais parler d'argent, de comptabilité, de débits et de crédits.

Or, ce concept est étroitement lié aux informations à fournir par une entreprise et je m'y intéresse encore plus… je m'intéresse tout autant aux informations à fournir par une entreprise qu'aux montants comptabilisés dans ses états financiers. Selon moi, ce type d'information ou de données à recueillir… et la rigueur à l'égard de ceux-ci, puisque ce sera présenté à l'externe, que ce soit lors de l'audit des états financiers d'une entreprise, de la publication de rapports de gestion, de la communication d'informations au public, concordent avec les informations liées au développement durable qu'elle devra fournir.

Kyle Hulme :

Exact. Je suis entièrement d'accord. Je crois que nous assisterons à l'évolution du service des finances, qu'une importance accrue sera accordée à la compréhension de la réglementation à venir, des obligations d'information attendues et du travail des pairs ainsi qu'aux tendances du marché. En effet, compte tenu de la réglementation à venir, je crois que nous assisterons à une transformation financière, surtout d'un point de vue technique, dont l'objectif sera de débroussailler les exigences et les intégrer dans les états financiers et les rapports de gestion.

Armand Capisciolto :

Vous avez parlé de la réglementation actuelle et à venir; il y a beaucoup de nouveauté en ce moment. Avant Noël, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont publié un projet de règlement prévoyant des obligations d'information liée au changement climatique pour les sociétés cotées au Canada.

Puis, environ deux semaines avant l'enregistrement de ce balado, la Securities and Exchange Commission des États-Unis a aussi publié un projet de règlement sur les obligations d'information en matière de changement climatique. Enfin, le 31 mars, l'IFRS Foundation, qui a mis sur pied l'International Sustainability Standards Board, a publié deux premiers exposés-sondages sur les normes de développement durable dans le but qu'elles soient reconnues mondialement. Il y a donc beaucoup de mouvement du côté de la réglementation à venir.

De plus, quand je pense à tout ce qui se passe, notamment à la réglementation, je pense évidemment aux sociétés ouvertes. Celles-ci devront s'adapter, se préparer et se conformer à cette réglementation. Je crois d'ailleurs qu'on oublie souvent que la présentation de l'information n'est qu'une composante de ce que les entreprises doivent accomplir. Quant aux entreprises qui ne sont pas tenues de se conformer aux obligations en matière de présentation de l'information, elles seront aussi touchées par ce changement sociétal et par la préoccupation grandissante des parties prenantes à l'égard du développement durable.

Lorsqu'il est question du développement durable et de son incidence sur les entreprises, j'entends souvent les gens mentionner les risques et les occasions qui en découlent. Vous passez d'ailleurs beaucoup de temps à aider vos clients à élaborer des stratégies à cet égard. Quels sont ces risques et ces occasions?

Kyle Hulme :

Armand, vous avez soulevé un très bon point. En effet, je crois que les entités cotées seront soumises à des obligations d'information et qu'une conséquence indirecte de cette situation sera que les entreprises faisant partie de leur chaîne de valeur devront également harmoniser leurs responsabilités aux attentes de ces entités cotées.

Par exemple, dans le cas du commerce interentreprises, une entreprise qui vend des produits ou des services à une entreprise qui a pris des engagements ESG, qui se conforme aux exigences de développement durable ou qui s'est fixé des cibles en la matière pourrait devoir présenter son profil d'émissions, préciser de quelle manière elle cherche à accroître la durabilité de son produit, expliquer sa mission, de même que souligner la convergence des valeurs et des répercussions sociales et environnementales des deux entreprises. La capacité d'une entreprise à obtenir de nouveaux mandats pourrait alors dépendre de ces éléments. Ainsi, je crois qu'il n'y a pas que les entités ouvertes qui sont exposées à ces risques en raison des attentes du marché envers les entreprises et leur stratégie commerciale.

En ce qui a trait aux risques liés à la présentation de l'information financière, on constate en ce moment deux principales attentes en matière d'information à fournir. Celles-ci portent sur les risques transitoires et les risques physiques. Les entreprises devront évaluer l'incidence ou le coût associé à une transition vers la carboneutralité ou à une réduction considérable de leurs émissions. Cela représentera des coûts et bon nombre d'entre elles seront fortement touchées par ces changements. Il y a aussi les risques physiques associés au fait de vivre dans un monde où nous sommes davantage confrontés à des situations climatiques extrêmes.

Un bon exemple serait les compagnies d'assurance. Elles devront quantifier les coûts et les répercussions concrètes de la transition vers la carboneutralité. Elles devront aussi analyser leurs activités et s'interroger sur l'incidence que pourrait avoir l'aggravation des catastrophes naturelles découlant des changements climatiques sur le coût de leurs primes et sur leurs remboursements. Il s'agit donc de risques assez considérables. Les entreprises devraient chercher à les quantifier et à évaluer le coût nécessaire pour atteindre la carboneutralité.

Armand Capisciolto :

Voilà qui est intéressant. Vous parlez de transition et de risques physiques; tout cela aura lieu dans l'avenir. Bien sûr, des situations extrêmes se sont déjà produites. Pensons aux feux de forêt en Colombie-Britannique de l'été dernier et aux inondations de cet automne. Il s'agit de risques physiques liés aux changements climatiques.

Vous avez également mentionné les risques physiques et les risques liés la transition vers la carboneutralité. Les primes d'assurance sont un excellent exemple, n'est-ce pas? Elles représentent un coût pour les entreprises. Cela signifie que les primes seront plus élevées à l'avenir, tant pour l'assuré que pour l'assureur. Qui plus est, j'ai toujours trouvé intéressant que les gens considèrent que les états financiers ont un aspect historique, et ils n'ont pas tort. Les auditeurs et les comptables sont un peu les grands historiens d'une entreprise. Ils présentent les faits après coup.

Or, en réalité, beaucoup d'éléments dans les états financiers sont prospectifs, que ce soit dans les mentions, dans la façon de traiter la dépréciation, la continuité de l'exploitation ou même dans un calcul aussi simple que la durée de vie utile d'un actif. En ce sens, lorsqu'il est question d'information financière, nous ne pouvons pas ignorer les risques et les occasions qui concernent des estimations futures.

À ce propos, je voulais vous demander ce à quoi nous pouvons nous attendre sur le plan des échéanciers. Est-ce que nous parlons... J'entends souvent dire que 2030 serait une année charnière tandis que 2050 serait une année clé pour les cibles des entreprises. Nous sommes en 2022 en ce moment, ça nous laisse donc 18 ans, n'est-ce pas, d'ici l'année butoir de 2050? De quel échéancier parlons-nous pour ces risques et ces occasions?

Kyle Hulme :

À mon avis, cela dépend. Cela dépend de vos parties prenantes, de votre secteur d'activité et surtout du type d'actifs que vous détenez. Cela dit, si je me fie aux engagements pris par les gouvernements, les entreprises et les chefs sectoriels, je crois qu'il y aura une évolution en la matière et que les risques seront communiqués assez rapidement.

Pour mettre les choses en contexte, RBC a publié en octobre dernier un excellent rapport qui s'intitule Une transition à 2 billions de dollars : Vers un Canada à zéro émission nette. En résumé, le rapport indique que le Canada est conscient des conséquences des changements climatiques, mais qu'il n'agit pas assez rapidement. On révèle également que les entités en général, c'est-à-dire celles des secteurs public et privé, dépensent environ 15 milliards de dollars par année pour réduire leurs émissions. De plus, pour atteindre une réduction des émissions de 75 % par rapport aux niveaux actuels, il faudrait dépenser quatre fois ce montant chaque année.

Nous devons donc faire passer nos dépenses de 15 milliards de dollars à 60 milliards de dollars par année. Bref, pour l'instant, il est difficile d'imaginer comment le Canada pourra atteindre sa cible de carboneutralité d'ici 2050.

Je vous donne un court exemple d'un point de vue sectoriel en lien avec les actifs détenus et l'échéancier. Dans le secteur de l'aviation, il n'y a pas encore d'aéronefs électroniques. Pourtant, il s'agit de la principale source d'émission de la plupart des entités. Il y a là un risque important, selon moi, car nous ne pourrons atteindre les cibles de 2050 à temps si nous ne trouvons pas le moyen de mettre en place des aéronefs électriques. Ainsi, le secteur d'activité d'une entreprise, les actifs qu'elle possède, ou plutôt le type d'actifs qu'elle possède, joueront un rôle dans son échéancier.

Armand Capisciolto :

C'est intéressant. Si l'on se penche sur l'empreinte carbone ou les émissions d'une entreprise, on constate que ces émissions sont principalement indirectes. Par exemple, nous travaillons tous les deux chez BDO, un cabinet de services professionnels. Nous prenons l'avion pour visiter des clients, pour assister à des conférences. Tout cela représente des coûts. Ainsi, dans votre exemple sur l'aviation, il s'agit d'un problème qui touche aussi beaucoup d'autres secteurs. Combien coûtera un vol pour visiter un client à l'avenir si le prix du carbone augmente (et il augmentera) et si nous ne disposons toujours pas de véhicules électriques, d'avions électriques, d'avions à hydrogène ou, à tout le moins, d'un type d'avion alimenté par un gaz qui n'est pas hautement polluant?

Vous avez aussi parlé de dépenses, des dépenses engagées. Je consacre beaucoup de temps à la perte de valeur dans les états financiers et j'accorde une grande importance aux dépenses, car il s'agit d'une sortie de trésorerie.

Normalement, lorsque nous évaluons la dépréciation, nous examinons les flux de trésorerie futurs. Vous avez parlé des risques, de la hausse des coûts du carbone, de l'évolution des préférences des consommateurs et de la nécessité de faire des investissements supplémentaires pour continuer à utiliser ses actifs afin d'éviter les conséquences négatives des cibles qui ne seraient pas atteintes. Ce sont là des enjeux à long terme.

Lorsqu'on évalue une dépréciation, il faut tenir compte de ces enjeux dès aujourd'hui. Cela paraît contre contre-intuitif : plus la durée d'utilité résiduelle des actifs d'une entreprise est longue, plus il y a d'incertitude, plus il y a de risques pour l'avenir.

Par conséquent, l'information financière d'une entreprise qui possède des actifs à long terme sera rapidement touchée par ces risques en raison de l'évaluation de la dépréciation. Je ne dis pas que les actifs subiront nécessairement une dépréciation, mais bien qu'il y a une grande probabilité que ce soit le cas vu les risques physiques ou transitoires.

À mon avis, la détermination du moment où ces risques toucheront une entreprise et la durée de vie utile de ses actifs constituent des facteurs importants dans l'évaluation de l'incidence de ces risques sur son information financière actuelle.

Kyle, j'entends souvent dire que l'obligation en matière d'information financière liée au développement durable s'appliquera dans quelques années seulement, qu'il ne faut pas s'en préoccuper de sitôt. Pis encore, j'entends les gens dire que comme ils ne seront pas soumis à cette obligation, ils n'ont pas à s'en soucier du tout. Je présume que vous serez d'accord avec moi et j'espère vraiment que vous m'aiderez à faire comprendre ce qui suit aux gens :

Ce n'est pas la façon de voir la situation. Tout ce dont nous avons discuté jusqu'à maintenant, je l'interprète comme des enjeux commerciaux, des enjeux liés à la durabilité de l'entreprise, comme vous l'avez dit dans vos premières interventions. Comment faire passer ce message? Aidez-moi à convaincre les gens qu'ils doivent réfléchir à ces obligations dès maintenant, qu'ils soient ou non visés par celles-ci.

Kyle Hulme :

Bien sûr. Je crois que les entreprises souhaitent toutes être durables. Or, pour ce faire, il faut en grande partie investir dans les pratiques ESG. Pour illustrer toute l'importance des facteurs ESG, beaucoup d'études montrent que les investisseurs en capital croient que les entreprises qui investissent dans le développement durable génèrent un meilleur rendement à long terme.

D'ailleurs, les PDG investissent plus de 5 % de leur chiffre d'affaires dans des initiatives ESG, car ils constatent ainsi une plus forte croissance de leur chiffre d'affaires, un meilleur perfectionnement des talents de même qu'une plus grande rétention de ces derniers. Les questions environnementales et sociales deviennent tranquillement la priorité des hauts dirigeants et des membres du conseil. Et ce n'est que le début.

Ce que je trouve formidable, c'est que les questions environnementales et sociales sont désormais des questions commerciales. Elles ne sont plus traitées distinctement et font maintenant partie des dossiers prioritaires de la haute direction. Elles sont discutées au sein du conseil d'administration ainsi qu'au sein des services de l'entreprise. Certaines entreprises perçoivent le développement durable comme une initiative à laquelle elles doivent se conformer parmi tant d'autres. Malheureusement, c'est parfois ainsi que tout débute. Je crois cependant qu'au fur et à mesure que les entreprises se penchent sur le sujet, elles réalisent qu'elles peuvent faire rimer durabilité et prospérité.

Elles réévaluent leurs activités, leur approche à l'égard des talents, leur culture organisationnelle; elles réévaluent leur objectif en tant qu'entreprise. Celles qui réalisent cet exercice découvrent de nouvelles manières de travailler pour obtenir des résultats, de laisser place à la créativité et à l'innovation et de donner un but aux employés, le genre qui les motive à sortir du lit et à aller travailler.

Voilà pourquoi en matière de facteurs ESG et de développement durable, je suis d'avis que le développement durable est synonyme d'affaires et que de là découleront les solutions ESG.

Armand Capisciolto :

J'adore cette idée, « le développement durable est synonyme d'affaires ». Quant à moi qui considère cette question sous l'angle de l'information financière, le développement durable n'est pas différent des autres enjeux commerciaux. Les enjeux commerciaux auxquels fait face une entreprise ont inévitablement des répercussions sur son information financière. Les enjeux de développement durable étant des enjeux commerciaux; ils ont donc des répercussions sur l'information financière. Encore une fois, le développement durable est synonyme d'affaires. J'adore cette expression. Elle est géniale.

Je crois que c'est tout le temps dont nous disposons aujourd'hui. Ce sujet me passionne, comme vous le savez, Kyle. Vous et moi en discutons tout le temps. Nous pourrions probablement en parler encore quelques heures, mais je doute que nos auditeurs aimeraient nous entendre aussi longtemps.

Pour conclure, j'aimerais que les auditeurs gardent en tête que malgré les journaux qui affirment que tout se joue dans la présentation de l'information financière en matière de développement durable — et il se pourrait que ce ne soit que les titres étranges que je lis — je ne crois pas que ce soit le cas, car très peu d'entreprises devront présenter leur information au public, puisque peu d'entre elles sont des sociétés cotées. La plupart des sociétés au Canada ne le sont pas d'ailleurs. Cela ne signifie pas que l'obligation d'information en matière de développement durable ne les concerne pas.

Ainsi, que cette obligation s'applique ou non à une entreprise, elle aura des répercussions sur celle-ci, ses états financiers, son chiffre d'affaires et sa viabilité à long terme. C'est le message que j'aimerais faire passer, cela concerne tout le monde et ce n'est pas seulement une question de présentation de l'information.

Kyle, merci beaucoup. Notre auditoire et moi-même vous sommes très reconnaissants d'avoir pris le temps de partager avec nous votre expertise. J'aimerais également remercier nos auditeurs de nous avoir écoutés aujourd'hui. Je suis Armand Capisciolto, et c'était La comptabilité de l'avenir de BDO. N'hésitez pas à nous faire savoir si vous avez trouvé le sujet intéressant et utile, et n'oubliez pas de vous abonner si vous l'avez aimé. En attendant, je vous dis à la prochaine fois! Merci, Kyle.

Narrateur :

Merci d'avoir été ses nôtres pour cet épisode de La comptabilité de l'avenir. Vous pouvez écouter les épisodes précédents et lire d'autres articles sur le sujet au www.bdo.ca/accountingforthefuture. Vous pouvez également utiliser les balados Apple ou Spotify, ou encore les balados Google pour vous y abonner. Pour obtenir de plus amples renseignements sur BDO Canada, visitez le www.BDO.ca.

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