David McKellar :
L'IA, c'est un peu comme si vous aviez des superpouvoirs ou que vous étiez en mesure de collaborer avec quelqu'un qui n'est pas humain.
Narrateur :
Bienvenue à La comptabilité de l'avenir, un balado de BDO Canada à l'intention des dirigeants financiers qui doivent composer avec le changement et faire croître leur entreprise. Nous aborderons des questions que les directeurs financiers n'avaient pas eu à traiter par le passé, mais qu'ils devront inévitablement gérer à l'avenir.
Anne-Marie Henson :
Bonjour et bienvenue à cet épisode de La comptabilité de l'avenir de BDO Canada. Je m'appelle Anne-Marie Henson et j'ai le plaisir d'accueillir David McKeller, associé de la gamme des Services-conseils en technologie et membre de notre équipe Innovation et changement. Cette équipe se consacre à trouver de nouveaux moyens d'améliorer nos pratiques commerciales et de stimuler notre croissance par l'innovation et la technologie. David, bienvenue à La comptabilité de l'avenir. Je suis très heureuse que vous soyez ici aujourd'hui.
David McKellar :
Merci. Je suis ravi et honoré d'être ici.
Anne-Marie Henson :
Génial. Aujourd'hui, j'aimerais vous parler d'un sujet très pertinent. Chaque jour, j'entends parler de l'intelligence artificielle ou de ChatGPT. Je crois que bon nombre d'entre nous comprennent que l'acceptation de l'IA et de son utilisation par les entreprises est généralisée. Je ne suis toutefois pas certaine que les gens comprennent bien de quelle façon ils peuvent l'utiliser dans le cadre de leurs activités et de leur quotidien, ou en tirer le maximum. J'espère donc que vous serez en mesure de démystifier la question pour nous.
David McKellar :
Je tenterai certainement de le faire. J'ai bien hâte d'en discuter.
Anne-Marie Henson :
Très bien. Ce balado s'appelle bien entendu La comptabilité de l'avenir. Aujourd'hui, nous aborderons des sujets qui sont vraiment d'actualité ainsi que leur incidence sur l'avenir de notre entreprise, particulièrement en ce qui concerne la fonction comptable et financière. Nous ne voulons pas nous contenter de parler de l'intelligence artificielle; nous aimerions également discuter de l'incidence sur les états financiers, l'information financière, les directeurs financiers et les contrôleurs qui travaillent au sein de la fonction financière et de la gouvernance en lien avec ce sujet. Tout d'abord, je partirai du constat que ce n'est pas tout le monde qui sait ce que sont l'IA et l'IA générative. C'est pourquoi je propose avant tout de définir le concept d'intelligence artificielle. Qu'est-ce que l'intelligence artificielle? Qu'est-ce que l'IA générative? Quelle est la différence entre les deux?
David McKellar :
Bonne idée! Je vais l'aborder d'un point de vue moins technique et m'efforcer de l'appliquer aux activités du cabinet. Mon parcours porte davantage sur l'ingénierie des processus, la gestion des opérations et l'aspect financier des progiciels de gestion intégrés. Je tenterai donc d'aborder l'IA selon la perspective du comptable. En gros, je définirais l'IA comme le développement de systèmes informatiques dotés d'une intelligence s'apparentant à celle de l'humain. Elle peut toutefois être définie différemment. Elle a longtemps été définie de cette façon, mais, depuis les dernières décennies, elle revêt des aspects très différents et son utilisation a grandement évolué.
Les gens associent souvent l'IA à l'automatisation, ce qui constitue assurément un élément important de celle-ci. Nous considérons l'apprentissage profond comme un moyen d'en apprendre davantage sur différentes choses plutôt que comme une forme de codage. Il s'agit simplement d'une machine prédictive. Dans le monde où nous vivons, nous sommes constamment confrontés à une quantité importante de données. L'IA permet de combiner ces nombreuses données à des calculs ou à des algorithmes et d'établir des modèles, de faire des prévisions ou de prendre des décisions d'affaires.
Anne-Marie Henson :
C'est super.
David McKellar :
Cette définition est-elle satisfaisante?
Anne-Marie Henson :
Oui, absolument. Y a-t-il une différence entre l'IA et l'IA générative? Si oui, quelle est-elle?
David McKellar :
Il y en a une. L'IA générative constitue la prochaine étape. Comparativement à l'intelligence artificielle de base, comme l'automatisation, l'intelligence artificielle générative est la plus récente et la meilleure combinaison des technologies. Désormais, une classe d'intelligence artificielle est en mesure de générer du nouveau contenu qui peut prendre la forme d'un texte. Il pourrait également prendre la forme d'une photo ou d'une image. Bref, du contenu est généré en fonction de l'ensemble des données à l'aide desquelles le logiciel d'intelligence artificielle est entraîné.
Anne-Marie Henson :
C'est très logique. Nous discutons depuis à peine cinq minutes et j'ai déjà l'impression d'en savoir beaucoup plus. Merci beaucoup.
David McKellar :
Super!
Anne-Marie Henson :
Comme j'ai une expérience en audit et en comptabilité, j'aimerais commencer par ces sujets, plus précisément par la façon dont l'IA et l'IA générative peuvent faciliter mon travail au quotidien. Par exemple, tous les auditeurs comme moi doivent vérifier des états financiers. Nous utilisons les chiffres fournis par le client pour effectuer une évaluation des risques. Nous analysons les tendances ou les écarts par rapport aux exercices précédents. Nous obtenons des mises à jour sur ce que le client a fait pendant l'exercice. Nous évaluons les risques, puis nous établissons des procédures pour y répondre. Ultimement, nous sommes en mesure de certifier que les états financiers sont raisonnables selon les travaux réalisés à l'égard de l'échantillon sélectionné. Voilà en quoi consiste sommairement un audit. Alors, selon vous, de quelle façon l'IA pourrait-elle faciliter mon travail quotidien et m'être avantageuse? Quelle utilisation puis-je en faire?
David McKellar :
Je crois que l'IA joue déjà un rôle dans le domaine de la comptabilité depuis un moment, et ce, de différentes façons. L'AI offre notamment une efficacité et une automatisation que l'humain ne peut concrétiser seul. Prenons l'exemple de la réalisation de tests pour cerner des tendances; effectuer manuellement le tri dans de nombreux dossiers demanderait beaucoup de temps et d'efforts. Et peu importe la rapidité d'exécution, il y aurait toujours une limite quant au volume pouvant être traité. Nous pouvons maintenant nous tourner vers l'IA pour accomplir ces tâches de façon plus performante. Non seulement les machines sont efficaces, mais elles peuvent également traiter des volumes de données importants.
Il ne s'agit pas de remplacer l'humain, mais bien d'améliorer la productivité. L'important, c'est de voir comment l'IA peut trier plus de données pour cerner les problèmes potentiels sur lesquels le comptable pourra ensuite se pencher et porter un jugement. C'est probablement une façon très simpliste de présenter son utilisation actuelle.
En réfléchissant aux changements à venir, et le processus semble déjà entamé lorsqu'on observe, dans certaines publicités d'Instagram et de Facebook, le concept d'IA générative, qui est d'ailleurs vraiment intéressant, on comprend que l'IA générative, c'est un peu comme avoir des superpouvoirs ou collaborer avec quelqu'un qui n'est pas humain. Il s'agit d'une intelligence artificielle fondée sur le rôle qui examine les données, les modèles et les rapports financiers, en plus de pouvoir désormais entretenir des conversations sur des sujets d'intérêt auxquels vous n'aviez peut-être pas prêté attention.
J'ai un excellent exemple à vous donner. Je discutais récemment avec quelqu'un à propos des médecins. Si je me souviens bien, une personne s'était fracturé le bras et nous discutions du traitement de ce type de situation dans l'avenir. La personne avec laquelle je discutais m'a alors dit : « Si tu étais dans cette situation, ne préférerais-tu pas que les 10 000 meilleurs médecins du monde examinent tes radiographies plutôt qu'un seul médecin? Je crois que c'est ce que l'IA générative rendra possible. Vous pourriez profiter des capacités extraordinaires d'un agent d'IA générative ou d'un agent exerçant des fonctions similaires à celles d'un comptable qui mettrait en évidence des éléments auxquels vous n'auriez pas pensé. À l'heure actuelle, ça semble probablement un peu avant-gardiste, mais il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une avenue à explorer.
Anne-Marie Henson :
Oui, en effet. Ce qui est également intéressant, c'est le rythme auquel les changements se sont produits au cours des dernières années. Je sais que les concepts d'intelligence artificielle et d'automatisation existent depuis des années. Mais les changements survenus pendant la dernière année laissent entendre que la réalisation des innovations avant-gardistes envisagées se fera possiblement plus rapidement que l'on croyait au départ. Ça pourrait être au cours des 10 prochaines années, voire des 5 prochaines années.
David McKellar :
Absolument! Oui. Et je crois que le lancement de ChatGPT et d'OpenAI le 1er novembre 2022 a donné le coup d'envoi. Depuis, plusieurs nouvelles versions comprenant des caractéristiques et des fonctions plus puissantes ont été créées. Microsoft a notamment lancé Copilot le 1er novembre dernier. Les fonctions de l'IA sont présentes un peu partout. En fait, je dirais que l'IA est fortement intégrée à bon nombre de nos tâches quotidiennes. Par exemple, si vous avez Amazon Prime, vous recevrez des suggestions pour un futur achat. Il peut aussi s'agir de listes de chansons correspondant à vos goûts ou de recommandations Netflix. Nous observons déjà tous plusieurs utilisations différentes de l'IA. Et l'IA générative a assurément contribué à sa progression.
Anne-Marie Henson :
Oui, en effet. C'est super. Personnellement, j'ai hâte d'utiliser l'IA. Comme tu l'as dit, elle ne remplace ni l'auditeur ni le jugement, du moins pas pour le moment. Il s'agit de trouver un moyen d'utiliser ces outils pour faciliter notre travail et détecter des choses que nous n'aurions pas nécessairement le temps ou la capacité de trouver par nous-mêmes. Grâce à l'IA, vous pouvez être plus efficace et aborder les situations sous un angle différent.
David McKellar :
Oui, sans aucun doute. Je crois d'ailleurs que pour la première fois, les spécialistes du savoir se sentent menacés par l'IA générative, et ce, avec raison. Par contre, je suis optimiste. Plutôt que de craindre que l'IA remplace un jour les gens, il faut plutôt comprendre qu'elle risque de remplacer ceux qui refuseront de l'adopter. En comptabilité, par exemple, tout ce qui se trouvait dans le grand livre papier est désormais conservé sur ordinateur dans un fichier Excel ou dans un programme quelconque. Pouvez-vous vous imaginer revenir en arrière, refuser de vous servir des ordinateurs ou utiliser un boulier pour vos calculs? Vous servir d'un seul grand livre... Impossible. Nous trouvons la situation bien drôle, car cette façon de faire n'est plus d'actualité, mais le pas que nous devons franchir maintenant est similaire.
Anne-Marie Henson :
Je suis d'accord. Je préfère voir le bon côté des choses; autrement, nous serons tous dépassés par la technologie. Elle est très utile. J'aimerais maintenant aborder l'IA sous un angle légèrement différent, celui de la fonction financière. Je sais que bon nombre de nos auditeurs sont des directeurs financiers, des contrôleurs ou des analystes qui travaillent pour une entreprise. J'ai beaucoup entendu parler des avantages de l'IA dans le cadre de leur travail.
Bon nombre de directeurs financiers assument différentes tâches liées à la présentation de l'information financière. Ils traitent des opérations et participent aux évaluations et aux analyses de rentabilité. Ils doivent collaborer avec les banques, les prêteurs et les investisseurs afin d'être au courant de leurs besoins en matière d'emprunts, mais aussi d'obtenir des fonds supplémentaires, au besoin. De plus, ils appuient les objectifs de croissance des entreprises, qu'il s'agisse d'expansion ou d'acquisition. Parlons-en un peu. Quelles sont vos observations? Pourriez-vous nous faire part de votre point de vue quant à la place de l'IA dans l'avenir? Comment ces outils peuvent-ils aider les directeurs financiers dans le cadre de leur travail au sein de l'entreprise?
David McKellar :
Oui, bien sûr. Voici quelques éléments qui me viennent en tête. Qu'il s'agisse d'efficacité ou d'automatisation, je crois que l'IA peut considérablement simplifier les processus, et ce, de diverses façons. Par exemple, la capacité de calcul ou la loi de Moore. Nous pouvons maintenant accéder beaucoup plus facilement aux données et en traiter des volumes impressionnants. Je pense que l'IA peut réellement nous faciliter la vie. Nous l'avons d'ailleurs observé au cours des dernières années. L'IA peut aussi être utilisée pour reconnaître des modèles et faire des prédictions. Plutôt que d'effectuer une tâche manuellement ou de se fier à l'intuition des gens, nous pouvons miser sur les données, tant sur celles dont nous disposons que sur les données du marché. Grâce au potentiel de combinaison de ces données, nous pouvons faire des prédictions plus fiables que jamais.
Et en intégrant ces données à d'autres fonctions d'IA générative, nous ouvrons la porte à une immense quantité de cas d'utilisation. Quelqu'un m'a fait part d'un excellent exemple illustrant deux situations. Dans la première, il était question d'effectuer un dénombrement des stocks dans un entrepôt à partir d'une simple photo. Une importante simplification des processus, donc. Dans la seconde, qui touchait surtout l'aspect de la sécurité, il était question d'enregistrer et de voir ce qui se passait dans un entrepôt ou dans un quelconque site au moyen de la transmission vidéo. De cette façon, ils pourraient éventuellement déterminer ce que leurs gens savent et ne savent pas faire, et les former en conséquente. Cette utilisation peut nous sembler futuriste, mais elle sera mise en application bien plus rapidement qu'on le pense.
Il faut également garder en tête le niveau de qualité, comme l'amélioration de l'exactitude. C'est probablement la toute première raison d'être des ordinateurs. Que nous soyons bons ou non en mathématiques, les calculatrices et les ordinateurs seront toujours plus performants que nous. Grâce à l'IA et à son utilisation dans le cadre de la mise en œuvre et de l'automatisation des processus, nous pouvons accroître l'exactitude et la qualité.
Anne-Marie Henson :
En effet. Absolument. Cela me rappelle ce que j'ai entendu en lien avec des entreprises cherchant du financement. Souvent, elles doivent fournir une analyse de leurs flux de trésorerie futurs. Quelles sont les attentes? À quoi serviront les fonds? Quels sont les revenus visés? À quoi s'attendre du point de vue de la rentabilité? Nous le savons, les flux de trésorerie réels générés ne correspondent jamais exactement à ce qui était prévu. Et il faut justifier les écarts auprès des parties prenantes et des prêteurs. Le recours à l'IA pourrait être très intéressant dans ce contexte. Vous avez notamment mentionné la précision des renseignements obtenus et la capacité à utiliser l'analyse prédictive des données pour établir des prévisions plus précises que celles formulées par l'humain.
David McKellar :
Absolument! Nous pouvons tirer de grands avantages de l'IA, qu'il s'agisse de prévoir les flux de trésorerie, les ventes ou la demande. Et il ne faut pas sous-estimer son intégration à certaines applications de planification des ressources d'entreprise ainsi qu'à des solutions liées aux finances ou à la chaîne d'approvisionnement. Nous sommes témoins de ces utilisations depuis un bon moment déjà. Et des améliorations sont constamment apportées. C'est ce qui fait la beauté de l'AI : nous apprenons sans cesse. Plus vous utilisez l'IA, plus les modèles s'améliorent. Plus vous les alimentez, plus ils sont performants. Le modèle et ses prédictions sont donc en constante progression.
Anne-Marie Henson :
J'adore ça. C'est très stimulant de voir le rôle que l'IA jouera dans notre travail dans l'avenir. J'ai récemment abordé le sujet avec un client. Je crois qu'il vaut la peine que je vous fasse part de cette expérience. L'entreprise du client travaillait à mettre au point un outil d'IA qu'elle souhaitait intégrer à son système au sein du service juridique. Nous pouvons facilement transposer cet exemple à la fonction financière, puisque les équipes juridiques lisent, rédigent et signent elles aussi des ententes, et que ces ententes doivent aussi être comptabilisées par la suite. Donc, cette entreprise signe en moyenne 6 000 types d'ententes juridiques différents par mois. Tous les mois, des modifications sont apportées aux ententes, et les différentes équipes n'en sont pas nécessairement informées.
Le client a donc décidé d'élaborer un outil pour regrouper les ententes et les analyser afin de repérer les modifications et d'en aviser les équipes pour éviter qu'elles aient à les lire intégralement. Oui, la technologie peut nous faire peur, car nous avons l'impression qu'elle pourrait nous remplacer. Mais imaginez à quel point les équipes peuvent économiser du temps en ayant qu'à consulter les modifications relevées.
David McKellar :
En toute honnêteté, les ordinateurs sont beaucoup plus efficaces pour comparer deux documents. Si nous avons un volume important à traiter, comme celui que vous avez mentionné...6 000 documents par jour c'est bien ça?
Anne-Marie Henson :
Par mois. 6 000 par mois.
David McKellar :
Par mois?
Anne-Marie Henson :
Oui, c'est ça.
David McKellar :
Je suis convaincu qu'il ne s'agit pas non plus de documents ne comptant qu'une seule page. Maintenant, grâce à l'IA générative, nous avons accès à une capacité d'interaction et de résumé vraiment accrue. Et l'exemple que vous nous avez présenté est excellent.
Anne-Marie Henson :
Oui. J'aimerais aborder un autre aspect, ou parler d'un utilisateur potentiel de l'IA ou, si vous préférez, d'un groupe d'utilisateurs qui devrait connaître les différentes utilisations de l'IA et les risques qu'elle est susceptible de poser, soit celui de la gouvernance au sein des entreprises. Je parle notamment de ce que doivent garder en tête les comités d'audit et le conseil d'administration en ce qui concerne l'évolution de l'IA et son application au sein des entreprises dont ils assurent la surveillance.
Il y a quelques semaines, vous et moi avons eu la chance de participer à une table ronde de comités d'audit qui accueillait une douzaine de membres et présidents de conseils d'administration de diverses entreprises de différents horizons et secteurs. C'était une conversation à la fois très intéressante et très riche. Je tenais à en parler avec vous plus en détail. J'aimerais avoir votre avis. Si vous deviez conseiller un membre du comité d'audit ou du conseil d'administration d'une entreprise qui cherche à adopter l'AI et à l'utiliser pour favoriser sa croissance ou son efficacité, que lui diriez-vous de garder en tête?
David McKellar :
En fait, je pense à différentes choses. Je vais parler des points habituels dans un moment, mais j'aimerais tout d'abord dire que j'ai été surpris de constater que chacun des 12 participants se trouvait à des étapes complètement différentes du parcours d'apprentissage relatif à l'IA et à son utilisation au sein de son entreprise. Selon moi, il ne s'agit pas de déterminer s'il faut recourir à l'IA ou non, mais bien d'établir quand il faudra le faire. Si vous êtes un dirigeant financier et que vous vous demandez si vous devez adopter l'IA, la réponse est évidemment oui. Seriez-vous en mesure d'accomplir votre travail sans ordinateur? Pensez-vous pouvoir cesser d'utiliser Internet? Je crois qu'il faut en tout premier lieu se renseigner comme il se doit. Il faut être curieux et en apprendre le plus possible sur l'IA. Et oui, il y a assurément un aspect sécurité dans tout ça. Les dirigeants devraient donc inviter tout le monde à s'informer.
Maintenant, en ce qui concerne les points habituels, la gouvernance en est un important qui comporte plusieurs volets. Prenons par exemple la question des données et de ce qui doit être délimité. Plus vos données sont précises, plus vos modèles pourront être utilisés efficacement dans le cadre de l'IA. Il suffit de bien comprendre le cycle de gestion des données. Il faut également un degré supplémentaire de sécurité, de protection des renseignements personnels et de gouvernance. Il s'agit d'un élément qui entre en jeu lorsqu'on parle de documents et de données sécurisés. Les gens ne savent pas qu'ils existent. Donc, ils ne pensent pas à les consulter. Soudainement, grâce à l'IA ou à l'IA générative, vous avez accès facilement à une vaste quantité de données.
Parfois, cela vous permet de comprendre certains aspects supplémentaires concernant la gestion et le contrôle des données. Je dirais que la sécurité et la gouvernance en font partie, tout comme la transparence. Nous composons des numéros de téléphone qui nous dirigent vers des robots, ce qui est frustrant. J'en conviens, on commence tout de même à s'y faire. Parfois, sans même nous en rendre compte, nous parlons à un agent virtuel. Cette transparence à l'égard du fait que nous échangeons avec des outils d'IA ou que nous avons accès à des éléments générés par l'IA est essentielle.
Elle va de pair avec l'utilisation éthique de l'IA et la création responsable de solutions d'IA pour votre entreprise. C'est un élément crucial. Ce qui est intéressant dans le domaine de la comptabilité, c'est que vous êtes avant-gardistes, qu'il s'agisse de la loi Sarbanes-Oxley ou des aspects ESG. Je crois qu'une nouvelle réglementation créera des possibilités et des défis pour la fonction financière, qui devra savoir ce qu'elle fait. Quels sont vos algorithmes? Sont-ils objectifs? En assurez-vous la gestion? Là encore, il y a des éléments précis à prendre en considération.
Anne-Marie Henson :
Oui, sans aucun doute. C'est super. À la table ronde, bien que les gens présents n'étaient pas tous au même point dans leur parcours en matière d'IA, mais ils comprenaient cependant qu'ils devront garder en tête tous ces éléments et s'en soucier. Il y a une autre chose qui m'a frappée et à laquelle je ne pensais pas nécessairement avant, mais que je trouve également importante. Vous en avez parlé un peu lorsque vous avez abordé la question de la qualité des données générées : la subjectivité potentielle des données.
D'une part, on entend dire que l'IA est formidable puisque, comme la machine n'est pas humaine, elle ne présente pas de préjugés systémiques et ne présume pas nécessairement qu'elle possède la bonne réponse. Elle aborde les choses d'une seule manière uniquement. Toutefois, si les données servant à alimenter un modèle ou la machine offrent un point de vue unique ou ne sont pas diversifiées, qu'il soit question ici de diversité de pensée ou autre, la réponse obtenue pourrait être erronée ou incomplète. Cet élément est selon moi très intéressant du point de vue de la gouvernance; il est important de remettre en question les données et d'en comprendre la provenance. Comment l'outil est-il alimenté? Comment pouvons-nous nous assurer qu'il tient compte de toutes les options potentielles, et non pas uniquement de celles qui nous semblent appropriées?
David McKellar :
Eh bien, plus vous utilisez l'IA, plus il devient important de comprendre les préjugés pouvant découler de vos données et de vos algorithmes, car vous devrez les expliquer. C'est comme les facteurs liés à la diversité, à l'équité et à l'inclusion ainsi que les facteurs ESG. De nombreuses entreprises, qu'il s'agisse d'un client, d'un fournisseur ou d'un prêteur, s'en préoccupent. Donc, je suis persuadé qu'ils finiront par poser des questions sur la subjectivité de nos données ou des algorithmes, et que nous devrons nous justifier.
J'ai entendu une citation à ce propos, j'essaie de me souvenir de qui. C'est un homme de Microsoft qui l'avait dit. C'était un très bon argument en faveur de la diversité. Il disait que l'IA finirait par définir le monde, mais que pour y arriver, elle devrait être représentative de celui-ci. C'est le cas. Nous devons constamment nous remettre en question et nous demander à quel point les données sont subjectives. Le cas échéant, quels sont les aspects à corriger pour optimiser nos données et nos algorithmes?
Anne-Marie Henson :
Oui, exactement. Comme vous semblez avoir grandement adopté cette technologie, j'aurais une dernière question à vous poser, qui n'est pas entièrement liée à la fonction financière et pour laquelle j'aimerais connaître votre avis. Il y a eu de nombreuses publications sur ChatGPT et OpenAI dans les médias au cours de la dernière année. Certaines personnes que l'on pourrait qualifier de fondateurs du mouvement ont partagé leurs inquiétudes à l'égard des répercussions négatives de l'IA. J'aimerais donc savoir ce que vous en pensez. Est-ce quelque chose que nous devrions garder en tête? Êtes-vous optimiste quant à l'avenir et à la place que l'IA y occupera? Selon vous, quelle en sera l'évolution?
David McKellar :
Bonne question. Je dirais que je suis optimiste 95 % du temps. Oui, parfois, il m'arrive de percevoir l'IA négativement. Tout n'est certes pas parfait. Rien n'est magique, et aucun génie n'est sorti d'une bouteille. Nous avons adopté l'IA et nous ne pouvons plus revenir en arrière. Elle est là pour de bon. Et faut-il aborder la question de l'éthique et de la responsabilité à l'égard de l'IA? Absolument. Plus les gens en parleront, mieux ce sera. Cela dit, je reconnais que ce ne sont pas tous les intervenants qui seront bienveillants. C'est pourquoi il est plus important que jamais que nous nous renseignions tous en vue d'adopter l'IA et que nous apprenions à utiliser cette technologie de façon adéquate et éthique.
Certaines personnes qui étaient sur leurs gardes réalisent qu'elles doivent adopter l'IA et en discuter. Inutile de chercher plus loin. Tout repose sur l'éducation. Il faut en parler. De plus, nous devons absolument faire en sorte que ce que nous utilisons sera extraordinaire et améliore le monde.
Anne-Marie Henson :
En effet. J'aime cette réponse. Je sens que je peux envisager l'avenir positivement. Et je suis d'accord. Ultimement, il reviendra à la majorité de la population qui utilisera l'IA pour les bonnes raisons de s'assurer de demeurer responsable et consciente de ses conséquences. J'aime bien l'idée des perspectives favorables.
David McKellar :
C'est amusant, car nous pouvons faire le parallèle avec l'arrivée de la presse à imprimer. Rappelons-nous de la technologie révolutionnaire qui a mis fin à la presse à imprimer parce qu'elle permettait à plus de personnes d'accéder à l'information et de la comprendre plutôt que de se limiter à l'écrit ou au bouche-à-oreille. Ça a été un changement majeur au sein de la société, puisque soudainement tout le monde avait cette possibilité d'apprendre davantage. Nous avons assisté à la démocratisation de l'apprentissage. Désormais, la technologie, lorsqu'elle est adoptée par tous et utilisée adéquatement, ouvre la porte à de nombreuses possibilités. C'est excitant, la démocratisation du savoir est maintenant plus que jamais à portée de main.
Anne-Marie Henson :
Et j'en suis bien heureuse! Merci de nous avoir fait part de votre opinion. C'était une conversation très agréable. J'ai l'impression que si nous abordons de nouveau le sujet l'an prochain, il y aura encore plus à dire compte tenu du rythme auquel la situation évolue. Je vous remercie sincèrement de votre temps et de vos propos éclairants. J'espère que nos auditeurs ont trouvé notre discussion intéressante. Je les remercie d'ailleurs d'être fidèlement à l'écoute. Je m'appelle Anne-Marie Henson, et c'était La comptabilité de l'avenir de BDO. N'hésitez pas à nous faire savoir si vous avez trouvé le sujet intéressant et utile, et n'oubliez pas de vous abonner si vous l'avez aimé. En attendant, je vous dis à la prochaine fois!
Narrateur :
Merci d'avoir été des nôtres pour cet épisode de La comptabilité de l'avenir. Vous pouvez écouter les épisodes précédents et lire d'autres articles sur le sujet au www.bdo.ca/accountingforthefuture. Vous pouvez également vous abonner sur Apple Podcasts, Spotify ou Google Balados. Pour obtenir de plus amples renseignements sur BDO Canada, visitez le www.bdo.ca.