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La tête dans le nuage

Feng Liu :

Lorsque vous exploitez la puissance de l'infonuagique, vous réussissez à trouver de nouvelles idées et à vous adapter aux changements sur le marché plus rapidement. Vous parvenez ainsi à mieux surmonter les obstacles à l'innovation.

Narrateur :

Bienvenue à La comptabilité de l'avenir, un balado de BDO Canada à l'intention des dirigeants financiers qui doivent composer avec le changement tout en assurant la croissance de leur entreprise. Nous aborderons des questions que les directeurs financiers n'avaient pas eu à traiter par le passé, mais qu'ils devront inévitablement gérer à l'avenir.

Anne-Marie Henson :

Bienvenue à l'épisode de La comptabilité de l'avenir de BDO Canada. Je m'appelle Anne-Marie Henson et je suis accompagnée de mon co-animateur Armand Capisciolto. Nous discuterons avec Feng Liu, chef des Services d'ingénierie infonuagique de BDO Lixar.

Avant de commencer, je souhaiterais expliquer un peu ce que fait BDO Lixar. Lixar, la division technologique de BDO, aide les clients en répondant à différents besoins, notamment en matière de soutien à la transformation numérique, d'analyse de mégadonnées, d'applications commerciales de cybersécurité et d'outils d'IA pour favoriser la rentabilité.

Armand Capisciolto :

Anne-Marie, j'attendais avec impatience cette conversation. Avant tout, c'est toujours un plaisir d'avoir le point de vue de personnes autres que des comptables. Ensuite, les dispositions relatives aux accords infonuagiques posent des enjeux comptables très intéressants. Je suis convaincu que toute transaction est liée à une question comptable. Et il faut comprendre ce qui se passe dans l'entreprise pour assurer l'exactitude de sa comptabilité. J'espère que Feng pourra nous expliquer la transformation infonuagique afin que nos auditeurs et nous-mêmes puissions comprendre ce que nous devons faire du point de vue de la comptabilité. Feng, bienvenue à La comptabilité de l'avenir.

Feng Liu :

Merci, Armand. Merci, Anne-Marie. Je suis très heureux d'être parmi vous. C'est probablement la première fois que je parle de la transformation infonuagique devant un groupe composé de spécialistes de la finance, plutôt que devant des directeurs financiers et des directeurs des systèmes d'information. Merci.

Anne-Marie Henson :

Génial, merci. Nous sommes ravis de vous accueillir et nous avons pensé commencer par une question qui semble simple à première vue, mais qui peut parfois s'avérer complexe. Nous entendons beaucoup d'expressions à la mode sur le passage à l'infonuagique et la transformation numérique, et lorsque nous entendons parler de la transformation infonuagique, la plupart d'entre nous qui sommes spécialistes de la finance et non de l'informatique ignorent ce que cela signifie vraiment. Pouvez-vous commencer par nous décrire brièvement ce qu'est la transformation infonuagique?

Feng Liu :

Avec plaisir. J'aimerais aborder deux concepts différents. Laissez-moi vous expliquer ce qu'est le nuage. Et surtout, qu'est-ce que l'univers infonuagique?

L'infonuagique présente cinq caractéristiques essentielles. L'une d'entre elles est évidemment le libre-service à la demande, n'est-ce pas? Les consommateurs devraient avoir accès à des capacités informatiques suffisantes, notamment un serveur, un réseau, un espace de stockage, selon leurs besoins et de manière autonome, sans devoir interagir avec des humains chez les fournisseurs de services. Il s'agit là de la première caractéristique.

La deuxième, c'est l'accès étendu au réseau, c'est-à-dire que les consommateurs devraient être en mesure d'accéder à ces capacités informatiques en utilisant des mécanismes courants, comme Internet, leurs téléphones, leurs tablettes et leurs ordinateurs portables.

La troisième est l'extraction des ressources. Il est ici question de multilocation des logiciels, c'est-à-dire qu'un même serveur serait utilisé par différents clients à des moments différents. Ainsi, un groupe de clients partagerait la même infrastructure à des moments différents afin d'en améliorer l'efficacité d'utilisation.

Vient ensuite l'élasticité rapide, une caractéristique qui permet d'augmenter ou de réduire rapidement la puissance informatique en fonction des besoins. Ceci est particulièrement utile dans plusieurs situations. La consommation est d'abord prévisible, puis imprévisible. Dans les deux cas, les scénarios d'utilisation sont très différents. En comptabilité, par exemple, pendant la période des impôts en avril, vous pourriez avoir besoin d'une grande puissance de traitement. Par la suite, vous aurez peut-être besoin de moins de puissance, n'est-ce pas?

Enfin, la dernière caractéristique concerne l'utilisation active. Dans le monde infonuagique, vous ne devriez payer que ce que vous consommez. Il n'est pas question ici de la méthode traditionnelle qui consiste à acheter des serveurs montés sur bâti et à les installer dans un centre de données en vertu d'un contrat sur trois ans. Le principe est plutôt le suivant : vous en avez besoin, vous l'utilisez, vous le payez. Lorsque vous n'en avez plus besoin, vous cessez de l'utiliser et vous ne le payez plus.

Ce sont là des caractéristiques de l'infonuagique. Abordons maintenant le concept de transformation. Par définition, la transformation consiste à modifier grandement quelque chose dans le but de l'améliorer. En combinant transformation et infonuagique, on peut penser, par exemple, à des entreprises qui procéderaient à la migration de leurs activités vers une infrastructure et des plateformes soutenues par l'informatique en nuage.

La migration à elle seule n'est pas une transformation. Il s'agit simplement du déplacement d'un emplacement vers un autre. Des changements fondamentaux sont indispensables pour qu'il soit réellement question de transformation. Est-ce que cela vous aide?

Armand Capisciolto :

D'accord, je comprends. Oui, c'est vraiment très intéressant, Feng. Et j'aime la façon dont vous avez décomposé cela. Ce que j'ai compris lorsque vous avez présenté les cinq caractéristiques, et ce qui rend le tout encore plus intéressant, c'est qu'il y a beaucoup de flexibilité. N'est-ce pas? Vous avez mentionné un sujet que les comptables abordent souvent, à savoir la saison des impôts, dite « saison occupée », et vous avez parlé de flexibilité permettant de déterminer les périodes où les ressources sont requises et les périodes où elles ne le sont pas. C'est vraiment intéressant. Et très utile.

Quand on pense à la transformation, qui par définition implique une amélioration, on pense à la technologie, et ce qu'il soit question des activités d'une entreprise ou de la technologie que nous utilisons à la maison. Toutefois, la transformation va au-delà de la technologie. Les processus doivent aussi changer, entre autres. Au-delà des changements technologiques, quels sont les principaux défis que les entreprises doivent relever pour réussir leur transformation?

Feng Liu :

Très bonne question. Comme vous l'avez dit, ça ne concerne pas que la technologie. En fait, la première chose à faire est de changer d'état d'esprit. Il s'agit de savoir comment gérer une entreprise dans le nuage et de tirer parti de cette capacité, d'en augmenter ou d'en réduire la portée, en aval et en amont. C'est un changement dans la planification et la gestion de votre entreprise.

Il est indispensable d'organiser une séance de restructuration de l'architecture, sachant que l'architecture en nuage repose sur la prise en compte des coûts et sur la conception en fonction des défaillances prévisibles. C'est très différent de l'architecture informatique traditionnelle. C'est le premier défi à relever : changer d'état d'esprit.

Le deuxième défi concerne les compétences et l'expérience des ressources. L'acquisition de compétences infonuagiques ne se fait pas du jour au lendemain. Cela demande des années de perfectionnement. Et vous aurez du mal à recruter des ingénieurs et des architectes qualifiés dans le domaine de l'infonuagique en raison de la situation économique actuelle. Il est particulièrement difficile de dénicher des candidats compétents dans le domaine de l'infonuagique.

Ensuite, il y a le problème de la sécurité. Lorsque les données quittent vos centres de traitement de données, elles quittent un environnement contrôlé pour se rendre dans un endroit dont vous n'avez pas le contrôle absolu, un nuage public, des serveurs et des espaces de stockage plus larges. Que devez-vous faire pour les crypter? Comment gérez-vous les clés de chiffrement?

Plusieurs défis similaires ont été relevés, d'une entreprise à l'autre, notamment en ce qui concerne le secteur des services financiers public. Les entreprises doivent prendre en compte plusieurs éléments lorsqu'elles effectuent une transformation infonuagique.

Ensuite, elles devront savoir comment se conformer aux exigences de la réglementation en vigueur… et de quelle façon elles devront gérer les données relatives aux produits B et aux PCI dans l'environnement infonuagique. En général, si nous utilisons des données du produit B dans notre centre de données, nous obtiendrons une certification de l'ICCA. Le gouvernement canadien viendra ensuite inspecter l'entreprise. Il est impossible de procéder de la sorte si nous avons des données dans un nuage public, n'est-ce pas? Ce sera certainement un défi à relever.

Permettez-moi d'aborder l'aspect technologique; une partie importante des difficultés rencontrées. La complexité technique est présente dans les applications des solutions existantes. Parmi ces solutions, notons la limitation des anciennes applications. Disposent-elles de matériel et d'un système d'exploitation qui sont pris en charge dans le nuage? Ces applications fonctionnent-elles à partir d'un ordinateur central, d'une reformulation, ou utilisent-elles le langage Cobol dans le nuage? Et, que se passe-t-il si j'utilise une application de bureau qui fonctionne avec Windows XP? J'ai dû relever beaucoup de défis de ce genre dans le passé.

Il y a aussi les problèmes d'intégration des applications. En effet, si l'application est transférée dans le nuage, il est probable qu'elle dépende d'une application interne hébergée localement, puisqu'il n'y a plus qu'un seul nuage et un seul site. Comment puis-je sécuriser cette connexion et résoudre cette dépendance? C'est compliqué.

Lorsqu'une entreprise migre ses activités et ses applications vers le nuage, elle ne peut pas toujours être en mesure d'effectuer un réhébergement; elle doit donc investir davantage pour se moderniser avant le changement. Et l'investissement devient parfois un obstacle. Une entreprise doit absolument générer suffisamment de revenus, sinon elle ne pourra pas procéder au changement. Et ne pourra donc pas entreprendre la migration. Je considère cela comme un défi de taille.

La transformation infonuagique ne consiste pas à simplement faire la migration vers le nuage. Et qu'après cette simple étape, vous avez terminé. Et c'est tout. En fait, c'est faux. La transformation en nuage nécessite une optimisation continue. Comme c'est également le cas avec votre architecture, votre modèle d'exploitation, votre sécurité et vos coûts. Le nuage évolue constamment, et en comparant ce que le monde infonuagique était en 2011, à mes débuts, et ce qu'il sera dans 12 ans, je constate l'ampleur des changements. L'architecture introduite il y a 12 ans ne serait pas adaptée aux services en nuage actuels.

C'est le défi auquel j'ai été confronté en travaillant avec mes clients et en effectuant leur transformation infonuagique.

Armand Capisciolto :

C'est vraiment pertinent. Il y a là matière à réflexion.

Anne-Marie Henson :

Oui, sans aucun doute. Je constate des défis liés aux ressources, au temps, à l'investissement, aux technologies existantes et à la facilité ou à la difficulté de transférer ces données, ainsi qu'à la continuité des activités. Il faut s'assurer que les activités quotidiennes de l'entreprise se poursuivent sans se laisser submerger par les difficultés. Et il ne faut pas ignorer les défis liés aux coûts. Comme vous pouvez le constater, les entreprises doivent tenir compte de plusieurs facteurs.

Je suis d'accord avec ce que vous avez mentionné : il s'agit d'un processus continu. Je crois que les novices dans ce domaine pensent que pour se retrouver instantanément dans le nuage et avoir accès à de nouveaux rapports, systèmes et fonctionnalités qu'on n'avait pas auparavant, il suffit d'un petit investissement initial et d'appuyer sur un bouton. De toute évidence, ce n'est pas si simple.

Nous parlons des défis, mais plusieurs entreprises avec lesquelles vous travaillez quotidiennement Feng, ont décidé d'aller de l'avant avec cet investissement et pensent que cela leur sera bénéfique. Abordons maintenant les avantages de la transformation infonuagique.

Feng Liu :

Certainement. Les avantages de la transformation infonuagique sont indéniables. Nous classerons ces avantages dans deux catégories distinctes.

La première catégorie est très importante et renvoie à la collaboration avec les clients et les consultants. N'est-ce pas? Il s'agit ici d'améliorer la stratégie. Et de nombreux aspects en découlent.

Le premier aspect dont il faut tenir compte est le renforcement et la centralisation de la sécurité. Si je privilégie un centre de données conçu par Amazon, Google et Microsoft, la sécurité physique sera vraiment plus optimale que si je traite avec un fournisseur d'hébergement traditionnel. On parle ici d'un centre de données de taille moyenne. Il n'y a aucune comparaison possible.

Le deuxième aspect de la sécurité est la cybersécurité. La panoplie d'outils disponibles sur le nuage pour sécuriser vos applications et vos données contre les cyberattaques est impressionnante. Voilà ce qu'il en est. Il en va de même pour tous, même pour les plus grandes organisations comme les banques.

Dans la deuxième catégorie d'avantages de l'infonuagique se trouve l'augmentation de l'évolutivité, de la disponibilité et du niveau de service. Il est ici donc ultimement question d'amélioration de l'expérience des utilisateurs. On vise la réduction des temps d'arrêt et de l'incidence sur les opérations commerciales pour soutenir la croissance non planifiée de l'entreprise. Nous avons mentionné ce que l'on peut faire rapidement, à savoir le provisionnement, et l'augmentation de la capacité en aval et en amont.

L'informatique en nuage offre également une meilleure fiabilité et un plan de reprise en cas de sinistre. L'architecture infonuagique a été conçue pour faire face aux pannes, de sorte que les dix défaillances de composants auxquelles on s'attend ont été détectées. La résilience fait partie de la conception dès le début. Les entreprises ont donc plus d'options à leur disposition pour s'assurer qu'elles atteignent leurs objectifs en matière d'échéancier et de point de récupération lorsqu'elles utilisent un environnement en nuage.

Le prochain aspect est mon préféré. Accélérer l'innovation et améliorer l'agilité. Pensez-y : Lorsque vous exploitez la puissance infonuagique, vous trouvez de nouvelles idées et vous vous adaptez aux changements du marché plus rapidement. Les obstacles actuels à l'innovation sont beaucoup moins importants et il est possible de faire des essais rapidement. Si cela ne fonctionne pas, inutile d'acheter une panoplie de machines ni d'en faire l'installation. Il suffit de les louer et d'essayer quelques serveurs. En cas d'échec, on cesse tout. Le coût des essais est faible, n'est-ce pas?

Au début de cette ère, un certain nombre d'entreprises de jeux vidéo ont essayé leurs jeux sur le nuage. Et si le jeu perce le marché, elles investissent davantage dans la création d'un meilleur jeu et utilisent davantage de ressources. Dans le cas contraire, elles suppriment le jeu. Elles n'ont pas besoin d'acheter un grand nombre de serveurs montés sur bâti pour présenter initialement le jeu.

Une fois de plus, nous évoquons la sécurité, n'est-ce pas? On ne parle pas du tout de la gestion de la dette technologique. Pensez-y : Vous utilisez Windows XP, Windows 2008 ou une application archaïque comme Fell Knight? Ou d'autres supports. Et vous commencez à considérer la migration des données et songez à une mise à jour. Vous communiquez avec les fournisseurs. Il y a tant de détails auxquels on doit réfléchir.

On a précédemment parlé d'un centre de données. Il y a énormément de données techniques à gérer. Cela pose un problème de sécurité majeur et prend beaucoup de temps. Une des raisons pour laquelle je suis passé au nuage est l'utilisation du modèle de logiciels-services (SaaS) pour la gestion des coûts. Si j'ai recours à Salesforce, ou un autre logiciel de comptabilité de type SaaS, je n'ai plus besoin de me préoccuper de la mise à jour de ces logiciels. Cela devient la responsabilité du fournisseur.

Le dernier aspect concerne la durabilité. L'informatique en nuage est une technologie beaucoup plus écologique que les solutions informatiques traditionnelles, n'est-ce pas? En passant à l'infonuagique, les entreprises peuvent réduire leur empreinte carbone d'environ 90 %. Et même si cette réduction devait se situer sous le seuil de 90 %, elle sera considérable.

Google, Microsoft et Amazon ont rédigé plusieurs livres blancs sur la gestion de la consommation d'énergie dans leurs centres de données. Leurs centres de données consomment beaucoup moins d'énergie que les centres de données traditionnels. Et ce ne sont là que quelques exemples. Cela nous ramène à notre première catégorie, à savoir l'amélioration de la stratégie.

Bien entendu, lorsque nous abordons l'informatique en nuage, nous parlons en fait de rentabilité, c'est-à-dire de coûts. Le coût est un autre avantage pour les entreprises qui font la migration vers l'infonuagique. Pensez-y : Si vous utilisez les ressources informatiques selon vos besoins, vous ne dépensez pas continuellement. Il n'y a pas d'investissement initial important, ce qui rend les coûts plus prévisibles et plus faciles à gérer. Et lorsque vous optimisez votre architecture, vos activités et vos coûts, vous consommez plus.

Notre deuxième catégorie d'avantages, donc. À savoir l'amélioration de votre résultat net. L'entreprise peut donc utiliser ses fonds à autre chose. Par exemple la conception de nouveaux produits et de nouvelles caractéristiques, ainsi que l'acquisition de nouvelles parts de marché. Voilà un résumé des avantages.

Anne-Marie Henson :

Excellent. C'est bon à savoir, et il semble que les avantages l'emportent sur une grande partie des coûts et des défis; les entreprises devraient en tenir compte.

Et j'aime bien faire le parallèle entre les facteurs ESG et la durabilité, et la transformation infonuagique. Je n'y avais jamais réfléchi. J'ai constaté l'avantage supplémentaire que cela représente en ce qui concerne les activités quotidiennes. Il y a quelque temps, j'ai visité un centre de données traditionnel, et je me suis retrouvée dans une véritable fournaise de laquelle émanait une chaleur causée par toute l'énergie et l'électricité utilisées pour faire fonctionner ce centre de données. Merci de nous avoir fourni ces renseignements.

Je crois qu'il est essentiel que les auditeurs sachent qu'il existe des subventions considérables pour les entreprises qui souhaitent mettre en œuvre une stratégie de transformation numérique. Si vous souhaitez vous lancer, vous pouvez profiter de certaines subventions pour compenser une partie de ces coûts.

Armand, je voudrais vous poser une question. Vous avez mentionné qu'il peut y avoir des enjeux comptables que vous avez qualifiés d'intéressants, et je sais que vous bon nombre d'entre eux sont intéressants pour vous. J'aimerais savoir ce que vous considérez comme étant pertinent en ce qui concerne les coûts encourus dans le cadre d'une stratégie de transformation infonuagique.

Armand Capisciolto :

Je sais que ce que je trouve digne d'intérêt, et ce que d'autres pourraient trouver intéressant peuvent différer. La comptabilité est peut-être un peu plus complexe pour ceux qui préfèrent ne pas y penser continuellement.

Ce que Feng a abordé plus tôt concernant l'informatique en nuage est intéressant, à savoir l'absence d'interaction humaine pour accéder aux services. Lorsque j'ai entendu cela, j'ai instantanément pensé à la musique. Alors que j'étais à l'université, et je vais me vieillir en vous disant cela, je passais beaucoup de temps à flâner dans les magasins de musique HMV et à parcourir les présentoirs de CD. J'ignore comment j'ai fait alors que j'étais étudiant, mais j'ai acheté beaucoup de CD. Malheureusement, bien que je possède encore tous ces CD, et quelques cassettes, je ne peux en faire l'écoute, puisque je ne possède pas de lecteur de CD ou de cassettes.

Je pense qu'il est intéressant de faire le lien avec la musique, puisque si j'avais un moyen de pouvoir écouter mes CD, je pourrais les contrôler. Ces CD m'appartiennent. Je pourrais écouter la musique lorsque je le souhaite. Je ne consomme malheureusement plus la musique de cette manière. Je ne tire pas profit de l'interaction humaine qu'offre le fait d'aller au magasin de musique HMV, d'avoir une conversation avec un employé et de rencontrer d'autres personnes. J'écoute ma musique en continu, à partir des applications Apple Music, Spotify ou autre.

Je ne contrôle donc plus cette musique. Si l'artiste a un conflit avec le service de diffusion en continu, ou si le service de diffusion en continu décide de ne plus promouvoir cet artiste, il me sera impossible d'en écouter la musique. Je ne contrôle donc pas cette musique. Et ce faisant, je n'ai pas d'actif.

Et avoir un actif est essentiel, puisque les coûts des logiciels et de mise en œuvre sont couverts par les normes relatives aux actifs incorporels.

Toutefois, je dois posséder un actif auquel rattacher les coûts de mise en œuvre. Je répète que si je ne contrôle pas un actif, il m'est impossible d'y rattacher les coûts de mise en œuvre. Voilà où les normes comptables se différencient.

Selon les IFRS, si je n'ai pas d'actif auquel je peux rattacher mes coûts, ils représenteront des dépenses, et Feng, selon certains des éléments dont vous avez parlé, je pense qu'une transformation infonuagique pourrait s'avérer coûteuse. On parle donc ici de dépenses importantes. Si j'ai affaire à des principes comptables généralement reconnus (PCGR) des États-Unis, il faudra les capitaliser. Même s'ils ne répondent pas à la définition d'un actif, nous avons fait une exception et nous allons vous donner l'autorisation de les capitaliser. » Les normes pour les entreprises à capital fermé du Canada permettent quant à elles de choisir la méthode comptable.

Mais ce qui compte réellement ici, c'est la compréhension de la technologie. Et je dois savoir si je contrôle un actif. Si je ne contrôle pas d'actif, sans faire exception aux principes, les coûts devraient être comptabilisés en tant que dépenses.

Lorsque j'ai dû traiter des accords infonuagiques, les gens me demandaient : « Nous avons un accord infonuagique. Que devons-nous faire? » Ma réponse était : « Je ne sais pas. Nous devons discuter avec Feng pour nous assurer que nous comprenons bien en quoi consistent ces accords. »

Feng Liu :

Il existe plusieurs types d'accords infonuagiques. Mais avant d'aborder ces accords, je parlerai des actifs. L'actif numérique est très différent de l'actif physique. Lorsque vous optez pour l'informatique en nuage, vous ne possédez pas de serveur monté sur bâti. Vous ne possédez pas de centre de données.

Mais cela ne veut pas dire que vous ne possédez pas les données; et, dans une certaine mesure, l'application dépend de différents accords infonuagiques. Permettez-moi de préciser de quoi il est question.

Le premier type d'accord renvoie à l'infrastructure en tant que service. Ce modèle est certainement le plus proche du modèle local, le moins perturbateur. La transformation en nuage est un choix et elle résout plusieurs préoccupations lorsqu'il s'agit d'investissements importants. Tandis que vous modernisez l'application et que vous passez au monde infonuagique,

rien ne vous oblige à procéder de la sorte. Vous pouvez simplement réhéberger vos données pour passer au nuage. Tant qu'il existe une version compatible du système d'exploitation et du matériel dans le centre de données en nuage, il est possible d'effectuer le réhébergement. Et vous pouvez tirer parti d'une meilleure sécurité et évolutivité, ainsi que d'un meilleur plan de reprise en cas de sinistre, etc.

Je constate également que les entreprises utilisent le nuage en complément de leur centre de données local. Comme c'est le cas pour l'entreprise de jeux vidéos dont j'ai parlé précédemment, qui utilise le nuage en tant que prolongement du centre de données.

Dans certains cas, le nuage pourrait également être utilisé en tant que complément de la localisation géographique. Disons que vous déménagez quelque part en Asie. Il n'y a pas de centre de données, mais comme vous possédez votre propre centre de données, vous serez en mesure d'utiliser le nuage. Il s'agirait là d'un service d'infrastructure. Dans ce scénario, vous ne détenez rien de physique, mais comme vous déplacez vos applications et vos données locales vers le nuage, vous possédez toujours ces applications. Les données vous appartiennent toujours. Si vous changez vos plans, vous avez le droit de récupérer toutes vos données et applications.

Voilà pour le premier type d'accord. Le deuxième accord est la plateforme en tant que service. Il s'agit d'une étape supplémentaire nécessitant une transformation. Si vous créez de nouvelles applications, de nouveaux produits, ou si vous migrez d'une application existante vers le nuage, vous devrez réorganiser votre architecture, la formater de nouveau et exécuter l'application d'une manière plutôt orientée vers le nuage. Cela signifie que le fournisseur de services infonuagiques offre à la fois le stockage de votre serveur informatique ainsi que des outils comme le système d'exploitation, le système de gestion de base de données, le système de gestion des logiciels médiateurs, les services de veille stratégique, les environnements d'outils logiciels, les outils de déploiement et les outils de surveillance. Le stockage et les outils géreront l'ensemble du cycle de conception d'une application, de la création à la mise à jour, en passant par les essais, le déploiement et la gestion.

Comme vous avez créé l'application, elle vous appartient, de même que toutes les données qu'elle contient. C'est le deuxième type d'accord.

Le dernier type est celui du logiciel-service. Cet accord est un peu différent du précédent, parce qu'il implique Salesforce, All Phase, 365 et Power BI. Le fournisseur de services en nuage met en place, configure, entretient et met à jour le logiciel.

Vous ne possédez pas ce logiciel, mais vous achetez le droit d'utilisation lorsque vous payez les frais d'adhésion, le matériel et le manuel, donc vous possédez toujours les données. Vous pouvez retirer vos données lorsque vous résiliez votre abonnement afin que votre actif soit complètement virtuel dans un monde numérique et dans un environnement infonuagique. Selon le cas, il s'agit d'une application et de données, ou de données uniquement. Cela dépend de l'accord infonuagique.

Nous constatons une augmentation de l'utilisation de l'informatique en nuage, si bien que les services touchés par ces accords sont plus nombreux au fil du temps. Parmi les exemples, citons les services fonctionnels.

À savoir la consommation d'énergie. Le service fonctionnel désigne également l'architecture sans serveur. Il n'y a en fait aucun serveur. Lorsque vous avez besoin de la fonction d'appel, la puissance informatique est offerte à la demande, selon les lois régissant le trafic. Une technologie beaucoup plus verte en matière de consommation d'énergie signifie qu'il n'y a pas vraiment de serveur local.

Et vous êtes toujours le propriétaire des données. Une base de données est offerte en tant que service, et presque tout est désormais disponible en tant que service. De nouveaux éléments verront le jour.

Sur le plan financier, il faut tenter de comprendre le concept d'application et de données, ou la combinaison de celles-ci. C'est ce qui constitue votre actif, n'est-ce pas? Il n'y a plus de biens immobiliers physiques ou de serveurs montés sur bâti associés à vos actifs. J'espère que cela clarifie un peu les choses.

Anne-Marie Henson :

C'est très utile. Ce que nous constatons, et ce que j'en retiens, c'est qu'il existe différents types d'accords, et chacun sera traité différemment. Ils seraient comptabilisés en grande partie dans les actifs, certains pouvant être répartis entre l'inscription d'un actif et la passation en charges, et d'autres seraient entièrement comptabilisés en tant que dépenses.

Enfin, il faut éviter que les conclusions comptables influencent la décision d'une entreprise de se lancer ou non dans la transformation infonuagique. Néanmoins, si les répercussions comptables sont connues dès le départ, il sera plus facile de les comprendre et de les expliquer, évitant ainsi les surprises à la fin du processus de mise en œuvre.

J'aime toujours faire le lien entre mes propos et des exemples concrets, et j'aimerais vous raconter une petite histoire de réussite à propos d'une entreprise ayant subi une grande transformation.

Une grande partie de ses coûts avait été engendrée en interne. L'entreprise avait conçu son propre système en fonction de ses besoins, mais certains éléments avaient été sous-traités. Une partie des coûts encourus étaient permanents. La transition était gérée par une seule équipe, composée de membres d'une même entreprise, et les coûts étaient partagés entre les membres prenant part à ce processus de transition. Parmi ces membres, de différentes importances et de différents niveaux de rentabilité, beaucoup s'inquiétaient de la présentation de cette information dans leurs états financiers. L'équipe a donc communiqué avec nous avant d'entreprendre le projet, et nous avons pu lui fournir une analyse fondée sur une compréhension de la technologie et de ce que nous faisions exactement.

Ceci a mené à beaucoup d'entretiens préliminaires. Bien des questions semblaient anodines pour l'équipe technologique avec laquelle nous travaillions, mais il était essentiel pour nous de comprendre ce que cela signifiait sur le plan de l'information financière. Finalement, nous avons été en mesure de fournir une analyse précisant ce qui représentait des coûts, ce qui selon nous devait faire l'objet d'une capitalisation, et ce qui pouvait être comptabilisé en tant qu'actif. Et également, ce qu'il fallait considérer comme étant une dépense ». Ces conversations ont rassuré énormément les membres.

Dans l'ensemble, les coûts demeurent des coûts. Vous devrez payer un certain montant. Et l'analyse n'y change rien. Mais elle leur aura permis de mieux comprendre comment cela allait se répercuter sur leurs états financiers. Donc, comme nous le mentionnons dans ce balado Armand, il ne s'agit pas simplement de modifier vos décisions d'affaires, il faut également comprendre l'incidence afin d'être mieux informé, et ce sera bénéfique pour tous.

Armand Capisciolto :

J'adore cette histoire, Anne-Marie. Là encore, je crois que les surprises ne plaisent à personne. Lorsqu'il s'agit d'information financière, je pense qu'il faut être certain de la réponse. Toute surprise est problématique.

Dans cette histoire, vous avez évité une surprise à la fin de l'installation lorsque, un an plus tard, vous faites votre comptabilité et que vous vous dites : « Oh, mon Dieu, nous avons dépensé tout ça? » C'est une surprise, et personne n'aime ça, alors c'est une anecdote fabuleuse.

Nous sommes tous d'accord pour dire qu'il faut éviter les surprises. Et voilà une belle conclusion. Feng, merci pour vos renseignements sur le sujet. Notre auditoire, moi-même et Anne-Marie vous sommes reconnaissants d'avoir pris le temps de nous faire profiter de votre expertise.

J'aimerais également remercier nos auditeurs de nous avoir écoutés aujourd'hui. C'était La comptabilité de l'avenir de BDO. N'hésitez pas à nous faire savoir si vous avez trouvé le sujet intéressant et utile, et n'oubliez pas de vous abonner si vous l'avez aimé. En attendant, je vous dis à la prochaine fois!

Narrateur :

Merci d'avoir été ses nôtres pour cet épisode de La comptabilité de l'avenir. Vous pouvez écouter les épisodes précédents et lire d'autres articles sur le sujet au www.bdo.ca/accountingforthefuture. Vous pouvez également utiliser les balados Apple ou Spotify, ou encore les balados Google pour vous y abonner. Pour obtenir de plus amples renseignements sur BDO Canada, visitez le www.BDO.ca.

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