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Comptabilité des jeunes entreprises en croissance

Anne-Marie-Henson :

Lorsque j'ai passé en revue le plan d'audit et le processus avec le chef de l'exploitation et le directeur financier et que je leur ai expliqué ce que nous prévoyions faire ainsi que l'investissement supplémentaire que ça impliquait, c'est-à-dire les coûts additionnels, ils ont immédiatement accepté. Puis, le directeur financier a dit quelque chose qui m'a vraiment surprise. Il a dit que ça ne représentait pas pour eux des coûts irrécupérables ou un « mal nécessaire » dont il est souvent question lorsque le sujet de la comptabilité et de l'audit est abordé, mais plutôt un investissement qui leur permettrait d'accéder à une part de marché supplémentaire importante.

Narrateur :

Bienvenue à La comptabilité de l'avenir, un balado de BDO Canada à l'intention des dirigeants financiers qui doivent composer avec le changement tout en assurant la croissance de leur entreprise. Nous aborderons des questions que les directeurs financiers n'ont peut-être pas eu à traiter par le passé, mais qu'ils devront inévitablement gérer à l'avenir.

Armand Capisciolto :

Bonjour et bienvenue à La comptabilité de l'avenir. Je m'appelle Armand Capisciolto, associé du Service national des normes comptables de BDO Canada et chef des Services-conseils en comptabilité. Pour cet épisode, je reçois Anne-Marie Henson, associée au bureau de BDO à Montréal. Anne-Marie dirige des mandats de services-conseils en comptabilité et en audit. Sa clientèle compte des sociétés ouvertes et un grand nombre d'entreprises du secteur des technologies qui sont en phase de démarrage ou de croissance. Anne-Marie, bienvenue à La comptabilité de l'avenir.

Anne-Marie-Henson :

Merci, Armand. Ça me fait plaisir d'être ici aujourd'hui.

Armand Capisciolto :

Le sujet dont nous allons discuter aujourd'hui est très intéressant : la comptabilité des entreprises qui en sont à la phase de croissance. Je pense que le premier point à aborder pour que nos auditeurs puissent s'y retrouver est ce que nous entendons par une entreprise en phase de croissance. En quoi une entreprise en croissance est-elle différente d'une entreprise en démarrage ou d'une société bien établie?

Anne-Marie-Henson :

C'est une très bonne question. Je suis certaine qu'il existe une multitude d'interprétations. De mon point de vue, les entreprises en démarrage sont celles qui en sont réellement au début de leur cycle de vie. Des entreprises imaginées par des personnes travaillant depuis leur garage ou leur cuisine, sans structure formelle ou emplacement officiel. Dans de telles situations, que j'ai croisées plusieurs fois, l'absence de structure formelle permet de mettre l'accent sur l'innovation et le développement d'idées. Une entreprise en croissance est essentiellement une entreprise en démarrage qui connaît une certaine réussite et qui a dépassé la phase de démarrage.

Anne-Marie-Henson :

Donc, l'entreprise a probablement déjà embauché quelques employés permanents. Elle n'est plus exploitée seulement par ses fondateurs. Elle a peut-être commencé à générer des ventes ou, dans le cas contraire, elle est au moins en mesure de démontrer que sa technologie ou son produit fonctionne et que son concept a fait ses preuves. Un autre aspect indiquant qu'une entreprise est en phase de croissance est sa capacité à mobiliser des fonds. Elle se tourne vers l'externe pour trouver du financement auprès de parties prenantes externes. Une société bien établie, quant à elle, a déjà réussi à atteindre et à dépasser la phase de croissance; elle a des revenus stables et peut probablement soutenir ses activités quotidiennes et ses flux de trésorerie. Elle en est à envisager la prochaine phase de son cycle de vie, comme prendre de l'expansion, procéder à une fusion-acquisition ou s'inscrire en bourse.

Armand Capisciolto :

Selon vous, lorsqu'on examine les fonctions comptable et financière d'une entreprise en phase de croissance, que constate-t-on?

Anne-Marie-Henson :

Oui. J'ai souvent constaté que les entreprises qui passent de la phase de démarrage à la phase de croissance ne se rendent pas vraiment compte de la transition de ce point de vue. Elles atteignent la phase de croissance en ce qui concerne le personnel, la commercialisation et la capacité à mobiliser des fonds, mais leurs fonctions comptable et financière ne suivent pas le mouvement. Ainsi, les rapports comptables et financiers n'ont souvent pas changé entre la phase de démarrage et la phase de croissance.

Armand Capisciolto :

C'est intéressant. Nous qui sommes des comptables, nous considérons que la comptabilité est d'une importance capitale et que tout le monde devrait en tenir compte en tout temps. Cependant, une entreprise qui est en croissance et qui cherche à passer à la prochaine phase peut percevoir les rapports comptables comme un simple outil de conformité et non comme un élément essentiel à ses activités. J'aime à penser qu'il y a un juste milieu entre les personnes qui considèrent que la comptabilité est une fin en soi et les entreprises qui la considèrent comme un exercice de conformité dans lequel elles ne veulent pas trop investir.

Anne-Marie-Henson :

Oui, je suis tout à fait d'accord. Je pense qu'il y a un juste milieu. Je crois que les entreprises qui réussissent à la phase de croissance sont celles qui choisissent d'investir dans leurs fonctions comptable et financière parce qu'elles y voient plus qu'une question de conformité. Ces entreprises comprennent que le fait d'avoir une bonne structure comptable et financière leur permet réellement de réaliser leurs plans.

Armand Capisciolto :

Très intéressant. La comptabilité peut aider les entreprises à concrétiser leurs plans. La comptabilité est plus qu'une question de conformité. C'est un élément dont les entreprises ont besoin pour progresser. Pouvez-vous nous donner des exemples?

Anne-Marie-Henson :

Oui. En fait, en guise d'exemple, je peux vous expliquer ce qui peut mal tourner lorsque les fonctions comptable et financière sont sous-estimées. Souvent, pour les entreprises en phase de croissance, les éléments les plus importants sont l'investissement, l'obtention de financement, la capacité d'amasser des fonds pour passer à la prochaine étape, le développement de leurs produits et leur mise en marché. À mesure qu'une entreprise se développe, elle a besoin de financement supplémentaire. J'ai été témoin de situations dans lesquelles des opérations de financement ont pris du retard ou ont même échoué parce que l'entreprise n'était pas en mesure de produire des états financiers exacts en temps opportun pour que les investisseurs puissent décider du montant qu'ils souhaitaient investir.

Anne-Marie-Henson :

Au-delà du retard ou de l'échec de l'obtention du financement, la confiance des investisseurs est un aspect qui n'est pas à négliger lorsqu'il est question d'états financiers. C'est en fait un aspect très important. Bien des investisseurs pourraient choisir ne pas investir dans une entreprise tout simplement parce qu'ils n'ont pas accès à des états financiers à jour. Les investisseurs utilisent différentes mesures d'évaluation, et les états financiers historiques pourraient ne pas être les documents sur lesquels leur décision repose. Toutefois, je constate souvent qu'un grand nombre de sociétés de capitaux et de capital-investissement s'intéressent davantage aux entreprises qui ont des états financiers. La raison est simple : cela démontre que les entreprises valorisent les fonctions comptable et financière et, donc, inspire confiance quant aux démarches et aux choix du fondateur.

Armand Capisciolto :

C'est vraiment intéressant. Donc, vous dites que si je suis un investisseur éventuel et que je constate qu'une entreprise peut produire des états financiers en temps opportun et fournir les informations nécessaires dans le cadre de l'opération, ma confiance en elle sera plus grande, puisqu'elle me démontre qu'elle gère ses risques. Et surtout qu'elle dispose des renseignements nécessaires pour prendre de bonnes décisions d'affaires. Peut-on affirmer que l'importance accordée au processus entourant les états financiers rassure les investisseurs encore plus que ce que disent les états financiers en tant que tels?

Anne-Marie-Henson :

C'est un peu ça, oui. Oui. C'est tout à fait ça. Je pense que cela permet aux investisseurs d'avoir confiance et d'affirmer que l'entreprise prend de bonnes décisions. L'entreprise prend soin de ses finances et elle y affecte les bonnes ressources pour pouvoir produire des informations financières en temps opportun.

Armand Capisciolto :

Très intéressant. Vous avez abordé la question des opérations qui échouent. Nous vivons fréquemment ce genre de situations. Des demandes de dernière minute de clients qui sont sur le point de voir leurs opérations échouer, n'est-ce pas? Bien sûr, nous voulons voir nos clients réussir. Mais, d'après moi, le fait de devoir se fier à un cabinet de services professionnels à la dernière minute, même si c'est bon pour le cabinet, soulève des inquiétudes quant à la capacité d'une entreprise de réussir et de prendre les bonnes décisions. Sans les importantes informations qu'elle n'a pas su rassembler avant, comment peut-elle faire des choix pertinents?

Anne-Marie-Henson :

Oui. En effet! Il faut être capable de faire les bons choix en tout temps. Nous avons tous eu à traiter des demandes de dernière minute, nous avons tous été confrontés à ce genre de situation où il nous a fallu trouver rapidement une solution. Dans certains cas, si nous avions disposé d'un peu plus de temps, nous aurions pu discuter plus en profondeur avec le client pour savoir ce qu'il cherchait à accomplir. Au lieu de s'occuper simplement des répercussions, des implications comptables d'une transaction en particulier, si nous avions été mis au courant à l'avance, nous aurions peut-être été plus à même d'évaluer différentes solutions de rechange pour les clients afin qu'ils puissent prendre la meilleure décision d'affaires, tant du point de vue du résultat réel que du point de vue des informations présentées dans les états financiers. De prendre le temps de réfléchir à ce qui était le plus sensé? Malheureusement, lorsque nous devons aider un client à la dernière minute, nous ne pouvons pas faire tout ce qui compte le plus. On finit par traiter uniquement l'urgence.

Armand Capisciolto :

Oui. Il y a un processus à suivre, une discussion à avoir pour aider nos clients. Bien que nous aimions tous deux la comptabilité et les questions touchant le sujet, je ne suis pas de ceux qui pensent que la comptabilité seule devrait orienter les décisions d'affaires. Par contre, il faut reconnaître que la comptabilité pourrait avoir une incidence sur les activités de l'entreprise. Il faut donc avoir le temps de travailler avec ou pour le client afin qu'il puisse envisager de lui-même ce qui est en jeu dans le cadre de telle ou telle transaction et qu'il puisse déterminer comment cette dernière sera comptabilisée. Y a -t-il d'éventuels résultats négatifs ou des scénarios possibles que je préfère aborder à l'avance plutôt que de me faire surprendre en fin d'exercice lorsque mon auditeur se présentera?

Anne-Marie-Henson :

Oui, en effet. Je pense que, quand des décisions sont prises dans la précipitation, leurs répercussions sont parfois vraiment négatives pour l'entreprise. N'est-ce pas? Nous avons vu des cas où une transaction est comptabilisée d'une manière qui contrevient aux clauses restrictives de la créance, ou qu'elle n'est pas comptabilisée à la juste valeur, avec une incidence négative énorme sur les états financiers de l'entreprise. Il y a bien sûr des situations où l'on doit prendre des mesures précipitées qui s'avèrent être les bonnes. Cependant, la conclusion n'est pas nécessairement celle qui avait été envisagée au départ. Plus nous nous y prenons tôt pour réfléchir à toutes les questions, plus nous pouvons ajouter de la valeur au processus de façon à aider les fondateurs et les entreprises à faire de meilleurs choix.

Armand Capisciolto :

Oui. Bien sûr. Anne-Marie, nous apprenons de nos erreurs, n'est-ce pas, ou de celles des autres.

Anne-Marie-Henson :

Oui.

Armand Capisciolto :

Je préfère apprendre des erreurs des autres que des miennes. Vous avez donné quelques bons exemples, je ne dirais pas d'erreurs, mais de situations malheureuses pour lesquelles les choses auraient pu être un peu plus favorables. Avez-vous des exemples de clients ou d'entreprises passant de la phase de démarrage à la phase de croissance qui avaient pris les mesures nécessaires et fait les bonnes démarches en ce qui a trait à leur infrastructure comptable et financière et qui en ont tiré avantage?

Anne-Marie-Henson :

Oui. Ce sont des anecdotes que j'aime raconter. Je pense en particulier à une histoire qui s'est déroulée au cours des derniers mois. J'aime repenser à ce client et à sa belle réussite, qui a été possible parce qu'il a fait le bon geste au bon moment. Il s'agit justement d'une entreprise qui en était au passage à la phase de croissance. Au départ, il n'y avait qu'un seul fondateur. Puis, tranquillement, l'entreprise a commencé à recruter du personnel, et elle générait des revenus, mais la direction a réalisé que la prochaine étape de sa croissance était le marché européen. Pour accéder au marché européen, l'entreprise devait changer de référentiel comptable, ce qui représentait à la fois un bouleversement par rapport à ce qu'elle faisait auparavant et un investissement. Le temps qu'il fallait accorder au mandat était donc plus important. Nous devions y consacrer plus d'heures comme auditeur. Le directeur financier et son équipe devaient également passer plus de temps avec nous.

Anne-Marie-Henson :

Toutefois, lorsque j'ai passé en revue le plan d'audit et le processus avec le chef de l'exploitation et le directeur financier, et que je leur ai expliqué ce que nous prévoyions faire ainsi que l'investissement supplémentaire que ça impliquait, c'est-à-dire les coûts additionnels, ils ont immédiatement accepté. Puis, le directeur financier a dit quelque chose qui m'a vraiment surprise. Il a dit que ça ne représentait pas pour eux des coûts irrécupérables ou un « mal nécessaire » dont il est souvent question lorsque le sujet de la comptabilité et de l'audit est abordé, mais plutôt un investissement qui leur permettrait d'accéder à une part de marché supplémentaire importante. Ils ont donc conclu qu'en dépensant ce montant et en investissant tout ce temps, ils pourraient avoir accès à un marché qui leur permettrait d'augmenter de manière significative leurs revenus et que l'exercice en valait donc la peine. Ce fut une réussite. Je peux avec plaisir dire que l'entreprise a maintenant pénétré le marché européen et qu'elle obtient d'excellents résultats. Il s'agit d'une de ces situations où le client a fait ce qu'il fallait et a compris les avantages d'investir un peu de temps et d'argent.

Armand Capisciolto :

J'aime cette anecdote. C'est une histoire stimulante.

Anne-Marie-Henson :

Je sais.

Armand Capisciolto :

Pour moi, la question est... comment faire pour que nos clients en viennent à penser de cette façon? Parce que, dans les faits, ils ne voient pas la situation du point de vue de la conformité. Bien sûr, ils savent que la conformité est importante, mais l'exercice de conformité est en fait essentiel pour atteindre la prochaine étape de leur plan d'affaires. C'est effectivement une question importante.

Anne-Marie-Henson :

Oui, tout à fait.

Armand Capisciolto :

Vous nous avez donné un très bon exemple, et un formidable enchaînement. Nous avons parlé des fonctions comptable et financière; abordons maintenant plus sérieusement quelques enjeux de comptabilité. Vous avez mentionné le cas d'un client qui a basculé vers les Normes internationales d'information financière, les IFRS. C'est très intéressant. Au Canada, nous utilisons plusieurs référentiels comptables. Nous avons les normes comptables canadiennes pour les entreprises à capital fermé. Nous avons les IFRS. Et plusieurs entités appliquent actuellement les PCGR américains au Canada. En y regardant de plus près, est-ce qu'on peut isoler des normes appliquées par la plupart des clients qui passent à la phase de croissance?

Anne-Marie-Henson :

C'est une bonne question. Je pense qu'il y a un peu de tout. Je ne peux pas dire que j'ai plus de clients qui appliquent les IFRS que de clients qui appliquent les PCGR américains ou les NCECF, et je pense qu'il y a une bonne raison. Ce qui importe n'est pas de se demander quelles normes les clients appliquent, mais plutôt quelles normes sont les bonnes pour eux. Et ça demande réflexion, n'est-ce pas? Les clients ont parfois du mal à croire qu'ils en sont enfin à une nouvelle phase, même s'ils sont probablement soulagés d'avoir franchi le cap du démarrage. Il est parfois très difficile pour une entreprise de se projeter sur cinq ans.

Anne-Marie-Henson :

Ce que j'ai constaté sur le marché, plus particulièrement au cours des dernières années, c'est une accélération de la croissance. Au lieu d'une phase de croissance sur cinq ans, ça se déroule plutôt sur deux ou trois ans. On sait donc assez rapidement si ce sera une réussite ou un échec. C'est là qu'entre en jeu la phase de mise en marché. Évidemment, en tant que Canadiens,on voir que bon nombre de nos entreprises ont un accès à un large marché chez nos voisins du Sud, en particulier dans le secteur des technologies, et pour pénétrer ce marché, elles n'ont pas besoin de faire appel à une grosse infrastructure physique. Je ne crois pas que je ferais une recommandation particulière quant au meilleur référentiel comptable à appliquer dans cette situation, mais c'est un aspect qu'un client doit assurément aborder avec son comptable ou un conseiller qui saura lui poser les bonnes questions, par exemple : où trouverez-vous votre financement? Visez-vous une expansion? Souhaitez-vous vous inscrire en bourse? Nous pouvons parler avec nos clients ce que nous avons observé au cours des dernières années chez d'autres entreprises dans les mêmes secteurs, et nous pouvons les aider à prendre des décisions, à s'orienter dans la bonne direction.

Armand Capisciolto :

Oui. Anne-Marie, comme vous le savez, nous avons une publication destinée aux entreprises qui traite de ce sujet.

Anne-Marie-Henson :

Oui, c'est une excellente publication.

Armand Capisciolto :

Oui, elle est très bien. Du contenu de qualité y a été ajouté par des personnes très qualifiées. Je crois que vous avez abordé l'essentiel, c'est-à-dire l'orientation des clients? Quels sont vos plans d'expansion? Les normes que vous appliquez actuellement sont-elles pertinentes étant donné vos plans et les utilisateurs que vous visez à la phase de croissance? Maintenant, regardons les choses plus en détail, parlons des questions plus complexes auxquelles les entreprises en croissance sont confrontées et des discussions passionnantes que vous et moi avons au sujet des types de transactions auxquelles prennent part les entreprises qui en sont à cette étape de leur cycle de vie.

Anne-Marie-Henson :

Oui. L'un des premiers obstacles rencontrés par les entreprises, dont nous avons beaucoup parlé, est le financement. Bien souvent, les entreprises qui entrent dans cette phase n'ont pas vraiment accès à des prêts bancaires traditionnels ou à ce genre de financement. Elles doivent souvent faire appel à des sociétés de capital-investissement ou de capital-risque. Les types d'ententes de financement qu'elles concluent sont beaucoup plus complexes qu'un simple prêt assorti d'un taux d'intérêt précis et de mensualités.

Armand Capisciolto :

Oui. De quels types d'ententes parlons-nous ici? S'il ne s'agit pas de prêts bancaires, de quoi s'agit-il?

Anne-Marie-Henson :

Bonne question. Nous rencontrons souvent des situations complexes impliquant des dettes ou des capitaux propres. Parfois, un mélange des deux. Par exemple, des billets à ordre qui ressemblent à un prêt, mais qui sont convertibles en actions. Quelques fois, ils sont convertibles en actions avec un escompte, ce qui complexifie la comptabilisation. Un grand nombre de ces instruments comprennent également ce que l'on pourrait appeler un « bonbon ». Prenons un prêt. Un prêt dont le taux d'intérêt n'est pas aussi élevé que le taux normal facturé à une entreprise en phase de démarrage ou de croissance, mais qui offre des options ou des bons de souscription au prêteur pour le stimuler. Il y a aussi d'autres types d'ententes, par exemple des « ententes simples visant des titres de capitaux propres futurs » en vertu desquelles une entreprise reçoit des fonds, mais offre une participation à la prochaine émission de capitaux propres.

Armand Capisciolto :

Une entente simple visant des titres de capitaux propres futurs est simple comme son nom, n'est-ce pas?

Anne-Marie-Henson :

C'est un peu ça, oui.

Armand Capisciolto :

Nous rencontrons souvent ces types d'instruments ou d'ententes simples chez les entreprises en démarrage ou en croissance. Je crois que ces instruments sont appelés ainsi parce qu'ils sont plus simples pour les avocats, ce qui n'est pas nécessairement le cas pour les comptables. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces instruments, qui sont relativement nouveaux au Canada? Ils sont utilisés depuis un certain aux États-Unis, dans la région de Silicon Valley. Je pense que c'est de là qu'ils tirent leur origine. Cependant, pour ceux qui ne les connaissent pas, que pouvez-vous nous dire?

Anne-Marie-Henson :

Oui. J'ai eu de nombreuses discussions sur le fait qu'ils sont simples sur le plan juridique parce qu'il s'agit souvent d'ententes de quatre ou cinq pages. Cependant, sur le plan de la comptabilisation, ces instruments peuvent se révéler beaucoup plus complexes. En somme, je crois qu'on produit une entente simple visant des titres de capitaux propres futurs lorsqu'on prévoit, à titre d'entreprise ou de fondateur, mobiliser des fonds à un certain point dans l'avenir, disons dans un an, mais que l'on a besoin de fonds maintenant. On a besoin de fonds de façon immédiate pour différentes raisons, par exemple pour couvrir les frais juridiques et les frais liés au contrôle diligent découlant de la ronde de mobilisation de capitaux. D'autres fois, on sait qu'on va mobiliser des capitaux, mais on veut simplement émettre une catégorie d'actions en même temps pour éviter de faire appel constamment aux services d'avocats et, peut-être, de devoir recalculer le prix si on procède à plusieurs émissions dans l'année et que l'évaluation a augmenté.

Anne-Marie-Henson :

Ce que l'investisseur dit, c'est qu'il va verser les fonds. Il va signer l'entente simple visant des titres de capitaux propres futurs. Par contre, , il veut participer à la prochaine émission de capitaux propres. Souvent, une telle entente comprend des clauses qui compliquent les choses. En effet, si vous vous basez sur ce que je viens d'expliquer, vous trouverez que tout ça a l'air assez simple. Vous me remettez des fonds maintenant et je vous donne des actions ultérieurement. Toutefois, si vous octroyez des actions à une date ultérieure, il est possible que vous accordiez un escompte sur le prix du placement. Plusieurs scénarios sont alors possibles. Si vous réunissez 5 millions, l'escompte sera de X. Si vous réunissez 10 millions, l'escompte sera de Y. Ces clauses peuvent donc avoir une incidence énorme sur la présentation de l'entente simple visant des titres de capitaux propres futurs au bilan et, ultimement, sur les états financiers.

Armand Capisciolto :

Oui. C'est intéressant d'aborder différentes clauses, car les clients me posent souvent des questions à ce sujet. Celle qui revient le plus souvent à propos des ententes simples visant des titres de capitaux propres futurs est certainement la suivante : Comment dois-je comptabiliser tout ça? Ce qui est sous-entendu dans cette question, c'est que toutes les ententes simples visant des titres de capitaux propres futurs sont semblables.

Anne-Marie-Henson :

L'évaluation est effectivement importante.

Armand Capisciolto :

Mais ils ont tort n'est-ce pas? Il y a des variations. Oui, ils coupent un peu court. Ces ententes comptent trois ou quatre pages seulement. Cependant, les clauses peuvent être légèrement différentes, et elles ont une incidence sur la comptabilisation. Merci d'aborder ces points, car ces instruments sont très fréquents chez les entreprises en phase de croissance. En en parlant un peu, nous sensibilisons les gens au fait que la comptabilisation ne se fait pas de la même façon dans toutes les situations. Bien que simples, ces ententes comportent toutes des petites différences, et il faut que nos auditeurs soient au courant. Ce sont des opérations liées au financement. Y a-t-il des éléments dans la phase de croissance qui donnent plus de maux de tête que d'autres lorsqu'on travaille avec les clients?

Anne-Marie-Henson :

Oui. Je pense que la comptabilisation des produits en est un. C'est quelque chose que j'ai souvent constaté, fréquemment dans le secteur des technologies; par exemple, lorsque les entreprises en sont à leurs premières phases et qu'elles ont seulement une poignée de clients. Les ententes qu'elles concluent avec ces clients peuvent être différentes les unes des autres et comporter une période d'essai. Il se peut que des avances de fonds soient demandées pour faciliter l'intégration et la mise en œuvre. Est-ce que de telles avances de fonds correspondent à des revenus qu'il faut comptabiliser? Doivent-elles plutôt être reportées sur la durée du contrat? Comment doit-on traiter des éléments tels que les escomptes ou les rabais offerts lorsqu'un client signe plusieurs ententes pour différents emplacements auxquels l'entreprise offrira des services?

Anne-Marie-Henson :

Il y a beaucoup d'éléments complexes entourant les produits. Plus vous vous y prenez tôt pour résoudre ces éléments et en comprendre l'incidence, mieux ce sera. Nous savons tous que les produits occupent une place vraiment importante, tant sur le plan de la santé financière que sur celui de l'évaluation des entreprises. Les contrats productifs pourraient avoir une sérieuse incidence sur l'évaluation d'une entreprise lors de sa prochaine émission de capitaux propres, donc sur les fonds auxquels elle a réellement accès. Par conséquent, il est vraiment important de bien comprendre et planifier.

Armand Capisciolto :

En effet, la question de l'évaluation est primordiale pour les entreprises chez lesquelles elle est directement associée aux produits. J'ai été témoin d'une situation dans laquelle un client allait recevoir un investissement d'une société de capital-investissement, qui a alors demandé si les produits mentionnés étaient bruts ou nets et s'est mise à poser des questions à cet égard.

Anne-Marie-Henson :

L'évaluation est effectivement importante.

Armand Capisciolto :

Bien entendu, la question de la société était justifiée; s'il s'agit de produits bruts, on ne parle plus du tout de la même chose. Si on prend ce facteur en compte à titre d'investisseur, l'évaluation s'en trouvera considérablement réduite. Cet aspect a une incidence importante sur l'entreprise et sur sa capacité de mobiliser des fonds.

Anne-Marie-Henson :

Oui.

Armand Capisciolto :

C'est donc un élément complexe. Au nombre des autres éléments complexes se trouve le fait que les entreprises en croissance travaillent encore sur leur modèle d'affaires. Elles essaient donc des choses différentes, n'est-ce pas? Que se passe-t-il si on modifie les ententes de telle ou telle façon? Si on a tiré une conclusion du premier contrat et qu'on en modifie légèrement certaines clauses, il est possible qu'on tire du deuxième contrat une conclusion différente. À mesure que l'entreprise croît, elle doit faire face à ce genre de questions, ce qui renvoie à la première partie de notre entretien, où nous parlions de l'importance d'avoir une infrastructure comptable et financière pour faciliter la résolution des problèmes qui se présenteront.

Anne-Marie-Henson :

C'est un peu ça, oui.

Armand Capisciolto :

Je crois, Anne-Marie, qu'on peut affirmer que les instruments financiers et les produits constituent deux bons exemples d'enjeux complexes que doivent surmonter les entreprises en phase de croissance. Avant de terminer notre entretien, avez-vous un dernier point à partager avec nous? Y a-t-il un élément que nous n'aurions pas abordé et dont les entreprises doivent avoir conscience à cette étape de leur évolution?

Anne-Marie-Henson :

Je pense que nous avons couvert l'essentiel, et j'ai vraiment eu beaucoup de plaisir à discuter de tout ça avec vous. J'aimerais tout de même récapituler brièvement de la façon suivante. La comptabilité peut être très compliquée. En particulier pour une entreprise en phase de croissance qui essaie de mobiliser des capitaux et commence à gagner des revenus, puisqu'elle n'a pas accès aux modes de financement traditionnels. Plus vous en savez sur ce que cela implique, mieux vous serez préparé à titre de fondateur pour progresser et communiquer de l'information pertinente à vos parties prenantes. Beaucoup d'experts peuvent accompagner les entreprises. Je crois, Armand, que vous et moi comptons parmi ceux qui aiment vraiment aborder toutes ces questions. Nous voulons aider nos clients à trouver des solutions et à faire de bons choix. Ainsi, les fondateurs peuvent jouir de la tranquillité d'esprit nécessaire pour continuer à faire ce qu'ils font le mieux. Demander de l'aide à des personnes qui traitent de ces sujets sur une base quotidienne et faire appel à leurs conseils est vraiment une étape importante du cycle de vie d'une entreprise.

Armand Capisciolto :

Tout à fait. Nous aimons vraiment traiter de ces sujets. Je crois bien que vous venez de nous décrire comme des passionnés de comptabilité. Dans mon cas, ça s'applique, et je pense qu'il en va de même pour vous.

Anne-Marie-Henson :

Oui. Oui. J'endosse entièrement le titre de passionnée. Il me convient.

Armand Capisciolto :

Vraiment. Merci beaucoup, Anne-Marie. Notre auditoire et moi-même te sommes reconnaissants d'avoir pris le temps de partager ton expertise avec nous. J'aimerais également remercier nos auditeurs de nous avoir écoutés aujourd'hui. Je suis Armand Capisciolto, et c'était La comptabilité de l'avenir, de BDO. N'hésitez pas à nous faire savoir si vous avez trouvé le sujet intéressant et utile, et n'oubliez pas de vous abonner si vous l'avez aimé. En attendant, je vous dis à la prochaine fois!

Narrateur :

Merci d'avoir été ses nôtres pour cet épisode de La comptabilité de l'avenir. Vous pouvez écouter les épisodes précédents et lire d'autres articles sur le sujet au www.bdo.ca/accountingforthefuture. Vous pouvez également utiliser les balados Apple ou Spotify, ou encore les balados Google pour vous y abonner. Pour obtenir de plus amples renseignements sur BDO Canada, visitez le www.BDO.ca.

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